MARCHOUCREUSE VOUS OFFRE UN GRAND FEUILLETON LIMOUSO-HISTORICO-INDUSTRIEL
Louis d'Aubusson, duc de La Feuillade (par ailleurs maréchal des armées du roi) décide en 1700 (sans doute pour se changer les idées) de créer à La Feuillade (près de Faux-la-Montagne) une usine pour y fabriquer du fer. Le bois (pour alimenter la future forge) y abonde. Quant au minerai, il le fera venir du Berry ! Mais le duc réalise assez vite qu'il est totalement incompétent...
Il cherche alors à vendre sa forge (quasiment neuve). Un parisien nommé Charles Richer de Rhodes se dit intéressé. Il vient en août 1701 visiter l'usine, y rencontre le maître de forge de Saint-Pardoux (qui lui enseigne les rudiments du métier) et apprend qu'une mine de plomb existe non loin : c'est assez pour convaincre Simon Prieur (un ami investisseur, lui aussi de Paris)...
Le 1er janvier 1703, le sieur Prieur signe un bail de 10 ans avec le duc. Moyennant 15.000 livres par an, Richer de Rhodes et Prieur disposeront de la forge et du bois des terres de La Feuillade. Mais De Rhodes s'intéresse surtout aux mines et il obtient que le duc sollicite auprès du roi l'autorisation d'exploiter les mines "connues et inconnues" de La Feuillade...
Louis XIV accorde alors à Louis d'Aubusson un privilège royal de 30 ans qu'il étend aux provinces de la Marche, du Forez, du Limousin et de l'Auvergne. Le duc s'empresse d'en concéder une partie à Prieur contre une redevance de 25 sols pour 100 kilos de plomb et de 10 livres pour 100 kilos de cuivre obtenus, avec cependant une clause restrictive...
Il est en effet stipulé que, si De Rhodes et Prieur ne fabriquent pas 2 tonnes de métal par an jusqu'en 1705, Louis d'Aubusson retrouvera l'usage de son privilège. Les 2 entrepreneurs parisiens déménagent alors la forge et l'installent au sud de Limoges (dans la région de Saint-Junien) où ils font creuser des puits pour trouver du minerai...
Peu après, ils clament à qui veut bien l'entendre qu'ils ont découvert une mine d'acier pur à Pierre-Buffière. En présence du contrôleur royal des mines et de l'homme de confiance du duc, du minerai extrait est alors mis en fusion mais, au bout de 4 tentatives, aucune trace d'acier n'est décelée ! De Rhodes décide aussitôt de se retirer de l'affaire...
Simon Prieur s'associe alors avec des anglais qui (en lui rachetant 40 de ses 64 actions) deviennent actionnaires majoritaires du privilège minier concédé par le duc, ainsi que du bail de La Feuillade et de tout le matériel. En 1705, à la suite de nombreux impayés, les créanciers des anglais obtiennent du juge de Pierre-Buffière la mise sous scellés de tous ces biens...
Le duc cherche aussitôt à reprendre son privilège et l'affaire est confiée le 18 août à l'intendant royal de Limoges. Le 10 décembre, ce dernier ordonne l'abandon de la mine. Les dettes des anglais se montant à 12.000 livres, l'intendant exige du duc qu'il régle cette somme s'il veut retrouver son privilège, plus la mine (abandonnée) et le matériel d'extraction...
Louis d'Aubusson signe alors un nouveau bail avec un dénommé François Violette (investisseur... parisien) qui, pour 50.000 livres par an, aura le droit d'exploiter les mines du Limousin. Une année s'écoule et il ne se passe rien. Le 8 janvier 1707, le duc signe alors un nouveau bail, cette fois avec un certain Guillaume Barbier (investisseur parisien, lui aussi)...
Pour 60.000 livres annuelles, Barbier s'engage à reprendre l'exploitation minière et à rechercher de nouvelles mines. En cas de rupture du contrat, le duc recevra un dédommagement de 10.000 livres. Le 13 mai 1708, la forge est mise en marche et du plomb en sort ! Mais l'activité cesse le 12 octobre, après l'extraction de 32.434 kilos de minerai...
Ce minerai n'a permis d'obtenir que 9.191 kilos de plomb et, le 16 novembre 1709, Barbier abandonne officiellement (et paye 10.000 livres au duc). Le feuilleton (qui semble terminé) rebondit le 21 juin 1712 quand le duc se plaint auprès de l'intendant royal de Limoges que des rôdeurs entrent dans la mine pour y voler du minerai de plomb...
Le duc demande qu'une amende de 3.000 livres punisse chacun de ces voleurs (et que leur matériel soit confisqué !). A la surprise du duc d'Aubusson, l'intendant décide l'interdiction de l'exploitation de la mine de Pierre-Buffière. De plus, le privilège royal accordé au duc lui est retiré et il est même mis en demeure d'en payer les pertes financières...
Le contrôleur royal des mines écrit alors un mémoire dans lequel il remarque que "ceux qui sollicitent des concessions n'ont souvent pour seul objectif que de faire de l'argent avec le privilège qu'ils ont obtenu du roi, sans pour autant investir dans l'affaire, préférant recourir à des capitalistes usuraires" (et notre feuilleton historico-industriel s'achève donc ici !).
LE PROTESTANT GABRIEL FOUCAULT DE SAINT-GERMAIN-BEAUPRE EST (UN PETIT PEU) RANCUNIER
A la fin du 16ème siècle, après que son père Gaspard ait été férocement assassiné à Ahun, Gabriel Foucault de Saint-Germain-Beaupré lui succède à la tête du parti protestant et décide de le venger : ses soldats et lui s'emparent alors du château de Maslaurent (non loin de Felletin) où est réfugié Mathurin de Saint-Julien, le meurtrier de son père...
Après avoir ordonné de massacrer toute la garnison du château, le brave Gabriel Foucault s'en retourne à son château de Saint-Germain-Beaupré où il ramène (en guise de trophée) la tête de Mathurin de Saint-Julien qu'il a lui-même tranchée. Il repart peu après (sans doute pour ne pas s'encrouter) avec Louis Chasteignier d'Abain, le gouverneur de la Marche...
Ensemble, ils s'appliquent à détruire le château de Châtelus-le-Marcheix, puis celui de La Borne, de Glénic, de Jarnages, de Gouzon et de Chénérailles. Après une petite pause, Gabriel Foucault (imitant feu son père) pille l'abbaye de Grandmont en 1596. Henri IV (qui le trouve très dévoué à la cause protestante) vient séjourner à Saint-Germain-Beaupré en 1605...
Pour lui exprimer sa profonde reconnaissance, Henri IV le nomme alors maréchal royal. En 1621, Gabriel Foucault de Saint-Germain-Beaupré est fait gouverneur de la Haute et de la Basse-Marche par Louis XIII (le fils de feu Henri IV). Puis, en 1630, notre aimable gouverneur s'attribue la vicomté du Dognon (une seigneurie non négligeable du sud-ouest de la Marche)...
Elle comprend notamment les paroisses du Châtenet-en-Dognon et de Saint-Martin-Sainte-Catherine, ainsi que la baronnie de Murat et toutes les forêts qui couvrent ces vastes territoires. Ensuite, les guerres de religions étant terminées, il se convertit au catholicisme en 1634 (comme l'a fait avant lui Henri IV, qui a été assassiné par Ravaillac en 1610)...
Désormais usé par les innombrables combats qui ont jalonnés sa vie, le marquis Gabriel Foucault de Saint-Germain-Beaupré, également comte du Dognon, comte de Dun le Palleteau et comte de Crozant, prend sa retraite d'homme d'épée. Puis il pousse son dernier soupir, paisiblement, dans son lit, en 1642.
Chères lectrices, chers lecteurs, suite à un inexplicable coup de fatigue, nous décidons de couper court à ce palpitant récit et allons nous coucher (la vue de ce grand lit a-elle pu être un facteur déclenchant, docteur ?).