QUELQUES INFORMATIONS UTILES POUR LES ELUS DU GRAND GUERET

22 février 2024

QUELQUES INFORMATIONS UTILES POUR LES ELUS DU GRAND GUERET

Réunis le 8 février 2024 en Conseil communautaire dans l'auditorium de la Bibliothèque Multimédia Intercommunale, le président Eric Corréa et les élus du Grand Guéret accueillaient parmi eux le patron de la société Biosyl et un représentant d'Unisylva, coopérative de forestiers privés. Il s'agissait pour ces derniers d'exposer le projet guérétois d'usine de granulés de bois ("pellets" en anglais) de Biosyl... qu'Unisylva approvisionnerait en bois de feuillus (pour information, les granulés sont habituellement produits à partir de bois de résineux, lesquels sont plantés dans ce but et "récoltés" au bout de quelques décennies).

A l'heure où nous rédigeons ces lignes, le terrain où Biosyl envisage de construire son usine est encore la propriété du Grand Guéret et de ses habitants. Concernant Biosyl, c'est (à priori) une firme française. Elle possède 2 usines : une dans la Nièvre (depuis 2012) et une autre en Haute-Loire (depuis 2022). Les 2 produisaient ensemble 200.000 tonnes de granulés par an... Pourquoi utilisons-nous ici l'imparfait ? Simplement parce que Biosyl va doubler la surface de son usine de la Nièvre, qui fournira alors 180.000 tonnes à elle seule. Dans le même temps, celle de Haute-Loire sera agrandie de 12.000 m2 supplémentaires.

Biosyl se dit respectueux de l'environnement et prétend produire ses millers de tonnes de granulés avec des "résidus" de l'industrie forestière, plus de la sciure et des copeaux de scierie. Rien d'autres ! Son patron affirme qu'il s'approvisionne autour de ses usines, dans un rayon qui n'excède jamais 100 km. Sur internet, Biosyl annonce n'utiliser que des arbres malades, pourris ou ayant gelés et affirme avec sérieux qu'elle donne "une seconde vie" aux arbres qu'elle fait couper. En voulant abattre les forêts françaises, Biosyl se dit trés fier de ne pas importer... et prévoit un doublement de sa capacité de production d'ici à 2028.

Vous avez sans doute noté que le principal pourvoyeur de bois de Biosyl est la coopérative forestière Unisylva. Celle-ci gère 376.855 hectares de bois et de forêts qui lui procure 1.009.000 m3 de bois par an, lesquels génèrent 82 millions d'euros de chiffres d'affaires. Ce bois est expédié chaque jour à bord de 120 camions. Sachez encore qu'Unisylva se revendique comme étant "spécialiste du chêne". Pour le "renouvellement" des 1.009.000 de m3 qui ont été mis à terre, Unisylva garantit à ses adhérents (qui sont des propriétaires forestiers privés donc) des exonérations fiscales, ainsi que des financements publics.

En 2023, environ 7 millions de foyers français ont utilisé des granulés de bois, un mode de chauffage qui représentait déja, à lui seul, plus du tiers des énergies renouvelables en 2021 ! Ce que ces 7 millions de familles ignorent probablement, c'est que la combustion des granulés de bois a obtenue en 2020 une superbe "médaille d'or" de la pollution de l'air en produisant à elle seule 41% des émissions de particules fines en France (dixit Wikipedia)... Il semblerait que les grands mesureurs de particules fines du périphérique parisien n'aient pas réussi à le traverser pour aller mesurer celles des poêles à granulés de bois !

Comment fabrique-t'on les granulés de bois ? Il faut d'abord broyer les milliers de tonnes de bois (dont nous parlons ci-dessus) dans d'immenses "silos à sciure" (qui fonctionnent avec de l'électricité). Ensuite, il est indispensable de sécher ces milliers de tonnes de sciure dans des chaudières (électriques) pour obtenir un taux d'humidité inférieur ou égal à 10%. Puis, opération importante, la sciure est alors compactée dans des "presses à pellets" qui exercent une forte pression (grâce à la fée électricité !). Les presses industrielles échauffant fortement les granulés de bois, il convient alors de les refroidir rapidement.

Pour clore ce sujet, gardons en mémoire que la grande distribution et des sociétés telles que le pétrolier Total Energies ou le marchand de gaz Butagaz sont d'ores et déja installées sur le (trés lucratif) marché des granulés de bois. Eoliennes, panneaux solaires, centrales hydrauliques (bientôt !), granulés de bois : rien n'échappe aux industriels ! Il serait bien temps que les citoyens creusois (et les autres) se prennent en main et créent des coopératives CITOYENNES pour produire proprement et localement de l'énergie renouvelable... ce qui leur permettrait notamment de maitriser leurs factures !