QUAND LE PEINTRE CREUSOIS OUVRE SA PORTE
Nous arrivons dans le hameau perdu de Le Chiron et rangeons notre petite auto devant le N°7. Nous avons rendez-vous avec Antoine Melchior, pour faire plus ample connaissance. Nous voulons lui réserver une bonne place dans artistiCreuse23 et il a accepté de nous recevoir. Nous avons un peu le trac en toquant à la porte...
Deux chiens se ruent en aboyant. Nous ne sommes pas trop rassurés. Antoine Melchior, l'œil malicieux, les calme avant de nous ouvrir. Il nous affirme : " l'un de vous va se faire dévorer, mais je ne sais pas encore lequel des deux". Nous entrons malgré tout... pour ressortir par la porte arrière, afin de visiter le jardin. Des poules et une oie y picorent. C'est bucolique. Capsule, jeune chien fou de 2 mètres de haut, promène une branche grande comme un tronc d'arbre
(nous n'exagérons jamais, comme vous le savez certainement).
Nous rentrons au chaud et nous attablons autour d'un café. La cafetière métallique fait honneur à la belle tradition du ch'Nord. Notre hôte nous raconte alors le pourquoi et le comment qui ont fait que ses 2 fils, son épouse Barbara et lui, sont venus vivre en Creuse. Justement, Barbara, celle sans qui il n'aurait pas été aussi loin, fait son entrée. Il reprend son récit (tout se trouve dans artistiCreuse23, soyez sans crainte).
Antoine Melchior propose ensuite de visiter son atelier. Nous empruntons un escalier secret, et quittons à la fois le rez de chaussée, les murs couverts de peintures, la cheminée et les 2 poêles. Un couloir, aux murs tout autant décorés de tableaux, nous mène là où exerce le peintre (nous nous refusons à dire "le maître" pour ne pas heurter sa modestie). Des dizaines de toiles sont empilées, ici et là.
Là où Antoine Melchior manie le "couteau"...
Nous redescendons. Antoine Melchior nous montre des piles de croquis et d'aquarelles. Nous photographions tout, tout et tout ! Nous sommes comme des enfants qui, sans honte ni vergogne, se jetteraient sur des friandises...
Désolé !
Nous échangeons quelques souvenirs de nos "pays" d'origine. Nous parlons de ceci, de cela... Nous nous éternisons car, nous pouvons l'avouer maintenant, nous avons eu du mal à quitter le bon accueil que nous a réservé le sympathique couple que forment Barbara et Antoine Melchior.
Voilà, maintenant, vous pouvez aller surfer sur artistiCreuse23 pour y admirer le talent d'Antoine Melchior !
Et, comme nous ne comptons pas en rester là, vous pouvez tout de suite vous abonnez (c'est gratuit, et sur MARCHOUCREUSE 23 aussi d'ailleurs) ! Il y a encore plein d'artistes vivants qui, nous l'espérons, nous ferons l'honneur de figurer aux côtés d'Antoine Melchior !
Et s'abonner, c'est le meilleur moyen de se tenir au courant,
yeah men !
LES THERMES D'EVAUX-LES-BAINS : 2050 ANS D'AGE !
Bien que vous respiriez la santé, MARCHOUCREUSE 23 vous offre un séjour à Evaux-les-Bains. Que diriez-vous de la formule "remise en forme" de 8 jours ? Il ne vous reste plus, si vous en êtes d'accord, qu'à vous présentez à l'accueil des thermes et à dire que vous venez de notre part*. Sachez toutefois que les places sont rares : déjà plus de 3500 curistes par an pour une capacité théorique de... 2500 personnes.
*Nous précisons, à toutes fins utiles, que ceci n'est qu'une plaisanterie !
Evaux-les-Bains est en Combraille (le nord-est creusois), aux portes de l'Allier et de Montluçon. Les thermes gaulois sont alimentés à l'époque, souvenez-vous, par une trentaine de sources dont la plus chaude est à 61°. Les romains, trouvant les bains chauds à leur goût, les modernisent. Par la suite, ils deviennent Établissement Thermal Municipal en 1831, sont rénovés en 1900 et, enfin, en 2001.
Aujourd'hui, il n'y a plus que 2 sources qui alimentent les bains où barbotent les curistes (le débit est de 350 m3/jour, malgré tout). L'établissement thermal, resté propriété d'Evaux-les-Bains, et est géré par une société d'économie mixte. Outre l'alimentation du centre de soins et du centre de bien-être, les sources chaudes permettent aussi celle d'une bonne partie du chauffage des bâtiments.
Si cela vous intéresse, Evaux-les-Bains propose maintenant une formule "journée découverte" qui, contrairement aux autres séjours de 6 ou 18 jours, est accessible sans ordonnance médicale... Ouais ! Seules les cures de 18 jours sont prises en charge à 80% par la sécurité sociale (hors hébergement). Les propriétés des eaux d'Evaux sont reconnus pour soulager les affections rhumatologiques et phlébologiques, en toute logique.
En quittant Evaux-les-Bains, parfaitement ragaillardi(e), vous empruntez la D 915, découvrez Chambon- sur-Voueize, son abbatiale du neuvième siècle, et admirez les vallées de la Tardes et du Voueize. Plus loin, vers Gouzon, vous pourrez peut-être découvrir des oiseaux d'eau au abords de l'étang des Landes. Mais, si vous aimez sortir des sentiers battus, engagez-vous sur la D993 jusqu'à Besse Mathieu. Là, sur votre gauche, une route minuscule vous mènera au barrage de Flobourg...
C'est un modeste ouvrage, mais qui possède une belle histoire ! Ce barrage privé a été construit en 1905, dans la foulée de l'apparition de l'électricité en Creuse (à Bourganeuf). Il est un des premiers, sinon le premier, a être construit en béton armé. Exploité par la Société des Forces Motrices de la Tarbes, il alimentait la commune voisine de Lussat qui, grosse cliente, possédait 4 réverbères voués à la fée électricité ! Aujourd'hui, le propriétaire privé du site l'a automatisé et l'usine permet à un millier de foyer de s'éclairer.
Nous remercions nos amis Josiane, Michel et l'association La Digitale qui nous ont permis de découvrir les coulisses des thermes d'Evaux-les-Bains et le site du barrage de Flobourg.
MASGOT EST-IL UN VILLAGE FANTÔME ?
Bravo ! Vous avez choisi de venir avec nous ! Pour vous récompenser, commençons par une petite excursion... il s'agit de découvrir où se cache ce fabuleux Masgot !
Le plus simple est de partir d'Ahun. Dans le bourg, vous plongez plein sud en arpentant la D15. Vous laissez Chambéraud sur votre gauche, passez l'étang de le Puy, et tournez à droite pour vous rangez sur le parking, presque à l'entrée de Masgot. Vous ne pouvez pas vous tromper : c'est indiqué "village sculpté de Masgot" tout le long de la route !
Vous marchez vers l'entrée du village. Un peu plus loin, se trouve l'accueil. Pour l'anecdote, le jour de notre visite, une affichette apposée sur la porte disait "fermé pour réouverture". Pas de chance !
Pendant les mois d'été, des stages de sculpture sur pierre sont organisés par l'association Les Amis de la Pierre de Masgot (tel : 05 55 66 98 88 ou amis.pierre@masgot.fr).
Les sculptures qui, au fil des années, pendant le 19ème siècle, ont envahi le village de Masgot, sont le fruit du travail délirant d'un ancien habitant nommé François Michaud (1810-1890)...
En ces temps difficiles, trouver du travail rime avec migration... comme maçon ou tailleur de pierre. François Michaud refuse cette fatalité ! Puisqu'il est tailleur de pierre, il exercera dans son village ! Il taillera le granite, le sculptera, et en décorera tout Masgot !
Les murs de son jardin, face à la maison qu'il habita, sont rehaussés de ses premières oeuvres, plutôt naïves. Dans cette demeure, dont le décor 19ème rustique a été préservé (?), un livre d'or collecte les impressions des visiteurs...
Comme nous, vous prospectez chaque rue, une par une. Vous voulez être certain de ne pas manquer la moindre sculpture de François Michaud ! Il faut dire qu'il en avait mis partout le gaillard ! Mais... Des habitants, vous en avez vu beaucoup vous ? Et si Masgot était, en réalité, un village fantôme ?
Brrr !
Vous croyez avoir tout vu ? En haut du village, une pancarte vous invite à aller à la roche Tournadoueire. (le panneau parle de 800 m). Vous vous engagez dans un sombre chemin creux et, après quelques pas, découvrez... une vache écossaise !
Ensuite, votre chemin monte doucement dans des bois lugubres et emplis de mystères jusqu'à la roche Tournadoueire. De retour au village de Masgot, vous cherchez un panonceau qui indique le chemin des fontaines. Allez à leur découverte !
Vous êtes repus. Toutes ces sculptures fantasmagoriques et allégoriques, tous ces paysages désertiques et caractéristiques peuvent désormais venir peupler vos délires oniriques ! Maintenant, il est temps que vous retourniez à votre véhicule écologique (?). Vous pousserez peut-être jusqu'à Ahun... A l'heure où nous écrivons, ils s'y trouvent encore quelques restaurants gastronomiques qui pratiquent des prix modiques...
LA CREUSE, ENTRE LE BARRAGE DE L'ÂGE ET LA CELLE-DUNOISE
L'aventure commence à côté du bourg de La Celle-Dunoise (mondialement connu) entre Dun le Palestel et Bonnat. Votre chemin démarre au parking du terrain de foot-ball (après le camping de la baignade). Le sentier, balisé en jaune, longe le terrain avant de plonger (c'est une image !) vers la Creuse.
Vous devez envisager 3 heures de marche, en grande partie en terrain boisé. Quelques passages étant délicats, une bonne condition physique serait préférable. Le dénivelé reste, quant à lui, très acceptable.
Avant le barrage de l'Âge, une robuste passerelle enjambe la Creuse et vous ouvre les bras (encore une belle image non ?). Une fois celle-ci traversée, le bon chemin est celui de gauche, toujours de jaune balisé. Avant de vous y engager, les plus courageux pourront faire une virée aller-retour au barrage.
La sente suit la rive droite de la Creuse, puis remonte vers le village de Marseuil. Elle vous mène sur de traitres escarpements, glissants quand ils sont mouillés... Ne relâchez pas non plus votre attention vis à vis des flèches jaunes, parfois trop discrètes.
Vous retrouvez ensuite une allée tranquille que traverse parfois un ruisseau. Un dernier gentil raidillon vous fait prendre pied sur l'asphalte. Vous êtes à Marseuil. Tels des cow-boys, vous partez à gauche, sur le macadam.
Entrecoupée de morceaux de chemins sous-boisés, la petite route descend, avant de rejoindre une Creuse frémissante qu'elle longera jusqu'à La Celle-Dunoise.
Il ne vous reste plus qu'à traverser le bourg, descendre vers la célèbre (et mondialement connue) église du XIIe
siècle, franchir le pont roman, partir sur la gauche vers la baignade, passer devant le camping et remonter jusqu'au terrain de foot où est garé votre véhicule...
Mais, auparavant, vous n'aurez pas résisté au plaisir de vous arrêter pour vous désaltérer ! Vous avez le choix entre la fontaine, près de la Bascule, l'Auberge des Pêcheurs et La Bergerie ! (les 2 derniers font également restaurant).
AVEZ-VOUS ENCORE ASSEZ DE FORCE POUR ENTRER DANS CETTE GRANGE ?
JOUILLAT, JULES ET SA FUSÉE...
Supposons que vous soyez à la fois en admiration devant une des expositions de l'office de tourisme des monts de Guéret et merveilleusement renseigné par ses aimables hôtesses d'accueil... Vous décidez forcément de partir ensuite en excursion et prenez la N145 jusqu'à Ajain, puis la D16 jusqu'à Jouillat...
Mais, nous direz-vous, qu'y a-il de si merveilleux à Jouillat qui pourrait vous arracher de la contemplation des hôtesses de l'office de tourisme ?
Le nom Jouillat vient du gallo-romain et signifie Le domaine de Jules. C'est déja ça !
Mais, hormis son nom, la curiosité de Jouillat est son église (XIIème) et son splendide château. La forteresse moyenâgeuse change de propriétaires aux alentours du XIVème siècle. En effet, c'est à cette époque qu'il passe des mains de "Jules" à celles de la famille Chamborant. La forteresse est ensuite rénovée au XVIIIème et à la fin du XXème siècle. C'est peut-être ce qui lui donne l'air d'avoir été construit la veille.
Le château ne se visite hélas pas. Mais vous pourrez l'admirez de l'extérieur et vous régalez de son aspect surprenant : quatre tours, aux grises toitures, qui encadrent de courtes mais hautes murailles. Ces dernières cachent un chemin de ronde parfaitement conservé. Le tout ressemble furieusement à une fusée spatiale (pour qui à un tant soi peu d'imagination, d'accord nous vous le concédons). Le portail d'entrée est gardé par deux lions (en pierre, rassurez-vous) récupérés sur les ruines de feu le château de Bretouilly.
Ne quittez pas tout de suite Jouillat ! Un autre des monuments de ce village est son banc à ferrer les bœufs (photo ci-contre). Il date du temps où les maréchaux-ferrants "chaussaient" les vaches destinées à tirer les socs des charrues. Ce banc à ferrer fait partie d'un patrimoine rural que nous devons protéger.
LES TROUBLANTES BIZARRERIES DE MAGNAT-L'ETRANGE
Dans le sud de la Creuse, entre Saint-Georges-Nigremont et Clairavaux, se trouve un bourg qui nous a laissé étrangement perplexe ! En effet, bien calé au nord du camp de la Courtine, Magnat-l'Etrange, par mille détails, semble être une agglomération où, dans les années 1960, le temps se serait mystérieusement arrêté... Mais, peut-être, ne s'agit-il là que d'un habile "parti-pris touristique" ? Saperlipopette, comment le savoir ?
L'affaire débute aux alentours de 742. Un prieuré existe à Magnat-l'Etrange mais, dans les années 800, il est détruit, ainsi que le bourg, par une razzia de pillards normands. Le Xème siècle voit débuter la rapide reconstruction d'une église, achevée 100 ans plus tard. Refaite au 16ème, son clocher double et perpendiculaire est aujourd'hui une surprenante (et rarissime) curiosité.
C'est sur les ruines du château féodal de la famille De l'Estrange que fut édifiée l'actuelle demeure seigneuriale... Voilà, voilà ! Le conseil général de la Creuse donna une subvention pour que soient restaurés les Estranges bâtiments... mais rien ne fut fait. Aujourd'hui, un arrêté interdit même de s'en approcher car il y a danger de chutes de pierres. Le château, hormis quelques tôles ondulées posées sur la toiture, semble à l'abandon.
Il n'y a plus de boulangerie à Magnat-l'Etrange. Les habitants achètent désormais leur pain à Saint-Merd. Le boulanger y fait chaque jour une excellente grosse tourte au seigle de 2,5 kilos... Artisanalement !
Ici et là, des objets des années 1960 se multiplient... comme par magie ! Vous dites étrange ? Comme c'est étrange ! Nous, devant l'importance que prend ce phénomène anormal, choisissons de quitter rapidement ce bourg. Nous craignons désormais que, par contagion, une subite envie de danser le twist s'empare de nous... L'horreur quoi !
Nous filons par la D18 et la D29 jusqu'à Saint-Agnant-près-Crocq. Là, nous sirotons paisiblement un Bougnat Cola (reconnu saveur de l'année 2011) dans l' Epicerie-Bar-Station service- Bureau de Poste. Ensuite, après ces aventures intemporelles, nous décidons d'aller nous recueillir devant le mur colossal de Murzeix*(façon "en pierres sèches cyclopéennes", s'il vous plait).
*Il est sur la D9, à mi-distance entre Bellegarde-en-Marche et Crocq.
De retour à la maison, nous nous détendons en regardant les informations télévisées du 21ème siècle : elles parlent d'insurgés, de rebelles, d'inondations, de tsunamis, de tremblements de terre, de glissements de terrain, de guerres civiles, d'accidents de centrales nucléaires et de nuages radioactifs faisant le tour de la terre...
Voilà, voilà !
AU PAYS DES DOLMENS FLEURISSENT LES LÉGENDES
Le sud et l'ouest de la Creuse sont terres de dolmens. En voir la carte force à l'admettre : le département est riche de plusieurs dizaines de ces monuments celtes...
Or, qui dit menhir ou dolmen dit légende qui s'y rattache. Ces histoires, venues de la nuit des temps (mais pas toujours), sont colportées, modifiées, embellies au cours des siècles...
Ainsi, près de Guéret se dresse un beau caillou dodu, de plusieurs mètres de haut, qui aurait le pouvoir de léviter. Malheureusement la magie ne se produit que le soir de Noël. De plus, cela ne dure que le temps des 12 coups de minuit. C'est bien dommage car, parait-il, un trésor est enfoui juste en dessous...
A la limite entre la Haute Vienne et la Creuse, se trouve un dolmen dit "de pierres folles". Le nom lui vient du fait que, figurez-vous, le soir de Noël, les pierres se mettent à danser... Mais personne ne parle ici de trésor. Inutile d'aller y creuser !
Mais les similitudes les plus répandues sont à connotations sexuelles. Ainsi, quelques uns de ces monuments ont acquis des réputations torrides. Par exemple, les demoiselles qui se laisseraient glisser du haut du dolmen concerné trouveront un mari dans l'année... "surtout si elles sont belles" dit la légende. Plus fort encore : sous tel autre, les femmes qui n'arrivent pas à enfanter pourront aller s'allonger et, à la nuit tombante, y attendre lascivement. Elles auront, c'est garanti, un bébé dans l'année qui suit.
Rappelons à mesdames et messieurs les rédacteurs des panneaux informatifs touristiques que les dolmens sont, avant tout, des sépultures...
PAGE RACONTANT LA FIERTÉ PAYSANNE CREUSOISE
Vous pourriez penser que nous allons maintenant vous parler d'un vieux monsieur qui fabrique des petites carrioles en bois, histoire d'occuper ses vieux jours... Et bien, vous vous trompez lourdement !
Imaginez plutôt un dynamique et enthousiaste ancien agriculteur de 71 ans qui, outre la réalisation de ses miniatures en bois, collectionne, rénove et préserve une belle quantité d'objets du monde paysan creusois... Un véritable musée s'offre alors à vos yeux !
Vous pouvez ainsi admirer le bel état d'une machine de 1914 qui coupe, ramasse et lie (toujours) le foin ou la paille, tirée par un cheval ou un tracteur (le sien ne date que de 1950 et ronronne encore). Au dessus, accrochés au mur, les vélos de son grand-père, de son père, et le sien... Un musée, on vous dit !
Vous découvrez aussi quelques inventions de paysans, telle cette aiguille à lier les bottes de foin ou ces rideaux de cordelettes destinés à protéger les yeux des bœufs de l'irritante présence des mouches.
Soigneusement rangés, les pièces d'attelage sont prêtes à servir. D'ailleurs, Bernard Thomas s'en sert encore ! Avec son cheval, il laboure et moissonne... de temps en temps.
La balance romaine est destinée à peser les agneaux, nous confia-il. Une sangle passée sous le ventre, la bête est soulevée à bout de bras ! (Pour la casserole, nous ne savons pas à quoi elle sert).
Dans les années 1950-1960, la moissonneuse-lieuse est équipée d'une nourrice à ficelle. La machine lie toute seule la paille en bottes, au fur et à mesure. C'est le progrès !
A propos de ficelle... Monsieur Thomas nous montre fièrement une relique : de la cordelette réalisée avec du papier. C'était pendant la guerre de 1939-1945. Pénurie, rationnement et... débrouillardise !
Au début de la précédente, en 1914, les marchands de machines agricoles américaines sont présents. Par la suite, des constructeurs français se font aussi leur place dans la fulgurante mécanisation des campagnes.
Bernard Thomas, qui nous dit aimer les choses anciennes, évoque encore (et avec plaisir) ce temps ou, par exemple, les semelles des chaussures étaient faite d'une alternance de couches de cuir et de carton. Ce temps, encore, ou la cartonnerie voisine mettait les feuilles de carton rigide à sécher dans les prés, sous le soleil.
Vous avez eu le privilège de voir ici ces quelques témoignages du passé, fièrement conservés par un vrai puits de savoir (il va rougir)...
Mais nous devons aussi vous dire, pour être complet, que Bernard Thomas, à l'occasion, tue encore le cochon, aide son fils à faire traverser le bourg à une trentaine de moutons, n'hésite pas à réparer des roues de charrette, presse lui-même ses pommes, etc..., etc..., etc...
Monsieur Thomas, en plus d'avoir des mains et une âme d'artisan du bois, a écrit une page de la fierté paysanne creusoise. Et ainsi, lui et d'autres ont assemblé quelques feuillets et participé, eux-aussi, à la rédaction d'un grand livre nommé l'histoire de la France.
PETITE HISTOIRE DES TUILERIES DE LA CREUSE
Quelques siècles après qu'ils eurent envahi la Gaule, les romains y importent la route, le vin, la chrétienté (après avoir rasé les temples gaulois) et, pour ce qui nous intéresse ici, la tuile et la brique. Mais, dans les villes, la brique ne sera vraiment utilisée qu'après le moyen-âge. Les campagnes, quant à elles, garderont même leurs toits de chaume jusqu'aux années 1700.
En 1785, une ordonnance du parlement royal, appliquée à Jarnages, interdit aux creusois de continuer à utiliser de la paille pour leurs toitures. Cela provoque une brusque demande de tuiles, laquelle fait naître en Creuse des dizaines de tuileries familiales et artisanales. En 1860, ce sont quelques 70 sites qui permettent à autant de famille de paysans d'arrondir les revenus de leur ferme.
Dans ces tuileries, même les enfants participent à la fabrication. Ils portent les briques sur les aires de séchage, ils façonnent le nez des tuiles, nettoient les outils de découpe et soignent les finitions. Comme ils vont en classe, la fabrication des tuiles a lieu, de préférence, les jours sans école (vacances comprises).
Outre les membres de la famille, quelques ouvriers y travaillent aussi. En 1878, leurs salaires avoisinent les 3 francs par jour, nourris, logés et blanchis (dans la région d'Aubusson, le salaire n'est que de 2 francs/jour). Ils travaillent (et ne sont donc payés) que les jours où la tuilerie en a besoin...
Après le séchage, les tuiles et briques doivent être cuites dans le four, par fournée de 25 à 30 mille pièces. La cuisson dure une bonne semaine et consomme environ 30 stères de bois. Durant ce temps, il faut veiller, nuit et jour, que le four n'enflamme pas la trop proche charpente de la tuilerie.
Dans les années 1920, la concurrence devient rude. Pour y faire face, une partie de la centaine de tuileries creusoises se mécanisent, avec des moteurs diesel. Celles qui ne le font pas meurent, les unes après les autres. Les survivantes s'industrialisent (et s'électrifient) aux alentours de 1950.
Les jeunes creusois partant vivre en ville, les tuileries rurales manquent de main-d'oeuvre. Dans un dernier sursaut, elles tentent de se regrouper pour produire en commun... Mais l'inévitable se produit : au début des années 1970, aux alentours de Gouzon, la dernière tuilerie encore en activité s'arrête définitivement !
Désormais, c'est à l'ECOMUSEE de la TUILERIE de POULIGNY (commune de Chéniers) qu'incombe le devoir sacré de perpétuer la mémoire de l''histoire des tuileries de la Creuse ! Cette ancienne tuilerie a été minutieusement restaurée et des animations autour du feu, de l'argile, du monde rural ancien et des tuileries creusoises s'y déroulent régulièrement. Croyez-nous : une visite s'impose !