PAGE RACONTANT LA FIERTÉ PAYSANNE CREUSOISE
Vous pourriez penser que nous allons maintenant vous parler d'un vieux monsieur qui fabrique des petites carrioles en bois, histoire d'occuper ses vieux jours... Et bien, vous vous trompez lourdement !
Imaginez plutôt un dynamique et enthousiaste ancien agriculteur de 71 ans qui, outre la réalisation de ses miniatures en bois, collectionne, rénove et préserve une belle quantité d'objets du monde paysan creusois... Un véritable musée s'offre alors à vos yeux !
Vous pouvez ainsi admirer le bel état d'une machine de 1914 qui coupe, ramasse et lie (toujours) le foin ou la paille, tirée par un cheval ou un tracteur (le sien ne date que de 1950 et ronronne encore). Au dessus, accrochés au mur, les vélos de son grand-père, de son père, et le sien... Un musée, on vous dit !
Vous découvrez aussi quelques inventions de paysans, telle cette aiguille à lier les bottes de foin ou ces rideaux de cordelettes destinés à protéger les yeux des bœufs de l'irritante présence des mouches.
Soigneusement rangés, les pièces d'attelage sont prêtes à servir. D'ailleurs, Bernard Thomas s'en sert encore ! Avec son cheval, il laboure et moissonne... de temps en temps.
La balance romaine est destinée à peser les agneaux, nous confia-il. Une sangle passée sous le ventre, la bête est soulevée à bout de bras ! (Pour la casserole, nous ne savons pas à quoi elle sert).
Dans les années 1950-1960, la moissonneuse-lieuse est équipée d'une nourrice à ficelle. La machine lie toute seule la paille en bottes, au fur et à mesure. C'est le progrès !
A propos de ficelle... Monsieur Thomas nous montre fièrement une relique : de la cordelette réalisée avec du papier. C'était pendant la guerre de 1939-1945. Pénurie, rationnement et... débrouillardise !
Au début de la précédente, en 1914, les marchands de machines agricoles américaines sont présents. Par la suite, des constructeurs français se font aussi leur place dans la fulgurante mécanisation des campagnes.
Bernard Thomas, qui nous dit aimer les choses anciennes, évoque encore (et avec plaisir) ce temps ou, par exemple, les semelles des chaussures étaient faite d'une alternance de couches de cuir et de carton. Ce temps, encore, ou la cartonnerie voisine mettait les feuilles de carton rigide à sécher dans les prés, sous le soleil.
Vous avez eu le privilège de voir ici ces quelques témoignages du passé, fièrement conservés par un vrai puits de savoir (il va rougir)...
Mais nous devons aussi vous dire, pour être complet, que Bernard Thomas, à l'occasion, tue encore le cochon, aide son fils à faire traverser le bourg à une trentaine de moutons, n'hésite pas à réparer des roues de charrette, presse lui-même ses pommes, etc..., etc..., etc...
Monsieur Thomas, en plus d'avoir des mains et une âme d'artisan du bois, a écrit une page de la fierté paysanne creusoise. Et ainsi, lui et d'autres ont assemblé quelques feuillets et participé, eux-aussi, à la rédaction d'un grand livre nommé l'histoire de la France.