LES AVENTURES D'OLIVER LAUVERT, DE SON VERRE ET D'UN VER VERT (OU "LA NAISSANCE DE L'ETANG DE COURTILLE, A GUERET")

18 décembre 2020

LES AVENTURES D'OLIVER LAUVERT, DE SON VERRE ET D'UN VER VERT (OU "LA NAISSANCE DE L'ETANG DE COURTILLE, A GUERET")

Naissant au Puy de Gaudy, un large vallon descend entre Pisseratte et Peuronceau, se glisse entre la colline de Grancher et les douces pentes du bois de Fayolle et s'étrangle entre Les Coussières et Courtilles... JADIS, au fond de ce vallon, plusieurs ruisseaux sinuaient dans un marécage, s'y rassemblaient ensuite et descendaient enfin vers le Moulin de l'Age...

Un jour de ces temps lointains, le bourgmestre de Guéret et ses conseillers vinrent visiter ce vallon (particulièrement glacé en ce froid mois de décembre). Leur idée était de voir par eux-même s'il était possible d'y étendre la ville en construisant sur les vastes étendues du vallon. Ayant vu, ils en furent trés dépités (mais seulement dépités car, à l'époque, il n'y avait pas encore de dépités-maires)...

A 2 pas d'eux, assis sur une souche, Oliver Lauvert tenait un verre dans sa main (gauche) et semblait méditer (semblait est le mot car "Oliver le simplet" était incapable de méditer). L'avisant, le bourgmestre dépité (mais un tantinet caustique) demanda au simplet à quoi pouvait servir un verre en pareil lieu. Oliver (tout aussi narquois que simplet) lui répondit qu'un verre sert... à boire !

Les conseillers pouffèrent derrière leurs mains (droites) mais le bourgmestre (un tantinet vexé) les avait quand même entendus. Il se courrouça (froidement) et (pour ne pas perdre la face) fit face au simplet : il lui rétorqua qu'un verre sert (également)... à remplir des tonneaux ! Et il lui ordonna d'en remplir assez pour désaltérer tous les habitants de Guéret. Aller : exécution !

Or, justement, quelques centaines de tonneaux avaient été rassemblés non loin (pour les besoins de cette histoire). Oliver Lauvert commença donc docilement à remplir un 1er tonneau avec son verre. Les conseillers pouffèrent encore mais, cette fois, le dindon de la farce n'était pas le bourgmestre qui pouvait ricaner joyeusement (fier du bon tour qu'il jouait au simplet).

Le jour déclinant, le froid se fit plus vif. Les élus s'éclipsèrent et Oliver resta seul, faisant d'innombrables aller et retour entre le ruisseau et les tonneaux qu'il avait ordre de remplir. Puis la nuit s'installa et Oliver progressait désormais à l'instinct. La glace figea ensuite la surface de l'eau et Oliver Lauvert cassa maladroitement son verre sur ce miroir pétrifiée...

Désemparé, le simplet s'en trouva subitement fort marri (nous sembla-il avoir remarqué). C'est alors qu'Oliver Lauvert (dont nous avons précédemment vu qu'il n'était pas que simplet) eut soudain une idée : celle d'aller ramasser une grosse pierre, de la jeter ensuite sur la glace, ce qui la casserait et, ainsi, lui permettrait de finir de remplir les centaines de tonneaux qui l'attendaient...

Nous tenons ici à rassurer nos lectrices et nos lecteurs : le fait qu'Oliver ait oublié qu'il n'avait plus de verre pour accomplir cette tâche (herculéenne) ne nuira aucunement à la suite de notre (héroïque) récit... Oliver Lauvert courut donc dans le bois de Les Coussières où il ramassa (à tâtons) un gros bloc de pierre, qu'il redescendit vers le vallon désormais obscur...

Mais l'eau et le froid glacial rendaient maladroits ses gestes : le rocher lui échappa des mains et alla rouler au bout du vallon, vers Courtilles. Il en fut contrarié et remonta aussitôt (en maugréant un peu) pour ramasser (toujours à tâtons) un second gros cailloux. Comme vous le subodorez sans doute, ce 2nd rocher dégringola lui aussi et vint s'immobiliser contre le 1er !

Pour faire court, sachez que la maladresse d'Oliver l'obligea à ramasser tous les rochers du bois de Les Coussières, lesquels vinrent s'entasser les uns sur les autres, toujours au bout du vallon. Au petit matin (qui blémit), notre simplet découvrit qu'il n'y avait plus de rochers à Les Coussières (vérifiez si vous ne le croyez pas !) et qu'un barrage obstruait le bout du vallon...

Et c'est ainsi qu'est né l'étang joufflu de Courtille. Quant au "ver vert" (qu'évoque le titre de cette authentique page de l'histoire de Guéret), sachez qu'il vit actuellement tapi au fond de l'étang susnommé et que sa photo (telle celle du monstre du Loch Ness) a été publiée (pendant l'été 2018) dans le quotidien local (vous pouvez donc la retrouver en visitant le site du journal La Montagne !).