Guéret élue à la plus Haute-Marche
Pour changer, nous vous emmenons faire une promenade en ville... Mais pas n'importe laquelle puisqu'il s'agit de la capitale de la Creuse : Guéret !
Vous trouverez, en temps normal, de quoi garer vos chevaux-vapeur sur un des parkings qui se trouvent en contrebas de la place Bonnyaud. A présent, sortez votre plan (ou allez en chercher un à l'Office de Tourisme, sur la place) !
La ville de Guéret se distingue par sa forte concentration de services administratifs. A partir de la place Bonnyaud, vous pouvez admirer l'architecture de la Mairie, du Tribunal et de la Cité Administrative.
En traversant cette dernière, vous atteignez un immense jardin public au milieu duquel trône le Musée départemental de la Sénatorerie qui contient de vrais trésors.
Toute l'histoire a commencé, en fait, à Waractus (qui signifie "terre en friche"), là où, en l'an 700, est fondé un monastère. Le patron en est un aveugle qui à pour nom Pardulphus, plus connu aujourd'hui sous le nom de Saint Pardoux.
La légende veut qu'il ait repoussé en 732, à l'aide de sa seule parole, des sarrasins qui s'apprétaient à piller le monastère... Au 9ème siècle, ce lieu de recueillement est "visité" par des Normands... et complètement détruit. L'église de Guéret a été construite sur les ruines.
En haut de la place Bonnyaud, une rue étroite mène à la Préfecture, à l'ancien Hôtel des Moneyroux (où s'est installé le Conseil Général) et ses délicieux jardins, ainsi qu'aux ruelles pavés de la vieille ville piétonne qui descendent vers la place du Marché.
Guéret cache jalousement, derrière sa porte et au pied des collines du Maupuy (685 m.) et du puy de Gaudy (621 m.), un véritable joyau : l'immense étang de Courtille, lui même entouré d'un extraordinaire parc paysager, avec plages et pataugeoires, des jeux pour jeunes enfants, des activités nautiques, un camping 3 étoiles et un très long sentier de promenade.
Et, puisque vous êtes là, montez-donc en haut du Maupuy : la vue panoramique est garantie et la fôret impressionnante de majesté ! A quelques kilomètres au sud-est de Guéret, nous vous recommandons également la visite (silencieuse, s'il vous plait) des parc et étang du sanatorium de Sainte-Feyre.
Maintenant, si l'envie vous prend (sait-on jamais) de vouloir vous débarrasser de vos chères petites têtes blondes mais-insuportables-parce-qu'ils-veulent-toujours-le-dernier-gadjet-électronique-à-la-mode-qui-coûte-un-bras-et-un-mois-de-salaire, sachez que la ville de Guéret propose aux plus romantiques d'entre vous de les perdre dans le labyrinthe géant des Monts de Guéret ou, pour ceux qui aiment les bêtes, de les oublier dans le parc des loups de Chabrières...
Rhôôô ! Si on peut plus plaisanter maintenant !
MARCHOUCREUSE VOUS OFFRE UN GRAND FEUILLETON LIMOUSO-HISTORICO-INDUSTRIEL
Louis d'Aubusson, duc de La Feuillade (par ailleurs maréchal des armées du roi) décide en 1700 (sans doute pour se changer les idées) de créer à La Feuillade (près de Faux-la-Montagne) une usine pour y fabriquer du fer. Le bois (pour alimenter la future forge) y abonde. Quant au minerai, il le fera venir du Berry ! Mais le duc réalise assez vite qu'il est totalement incompétent...
Il cherche alors à vendre sa forge (quasiment neuve). Un parisien nommé Charles Richer de Rhodes se dit intéressé. Il vient en août 1701 visiter l'usine, y rencontre le maître de forge de Saint-Pardoux (qui lui enseigne les rudiments du métier) et apprend qu'une mine de plomb existe non loin : c'est assez pour convaincre Simon Prieur (un ami investisseur, lui aussi de Paris)...
Le 1er janvier 1703, le sieur Prieur signe un bail de 10 ans avec le duc. Moyennant 15.000 livres par an, Richer de Rhodes et Prieur disposeront de la forge et du bois des terres de La Feuillade. Mais De Rhodes s'intéresse surtout aux mines et il obtient que le duc sollicite auprès du roi l'autorisation d'exploiter les mines "connues et inconnues" de La Feuillade...
Louis XIV accorde alors à Louis d'Aubusson un privilège royal de 30 ans qu'il étend aux provinces de la Marche, du Forez, du Limousin et de l'Auvergne. Le duc s'empresse d'en concéder une partie à Prieur contre une redevance de 25 sols pour 100 kilos de plomb et de 10 livres pour 100 kilos de cuivre obtenus, avec cependant une clause restrictive...
Il est en effet stipulé que, si De Rhodes et Prieur ne fabriquent pas 2 tonnes de métal par an jusqu'en 1705, Louis d'Aubusson retrouvera l'usage de son privilège. Les 2 entrepreneurs parisiens déménagent alors la forge et l'installent au sud de Limoges (dans la région de Saint-Junien) où ils font creuser des puits pour trouver du minerai...
Peu après, ils clament à qui veut bien l'entendre qu'ils ont découvert une mine d'acier pur à Pierre-Buffière. En présence du contrôleur royal des mines et de l'homme de confiance du duc, du minerai extrait est alors mis en fusion mais, au bout de 4 tentatives, aucune trace d'acier n'est décelée ! De Rhodes décide aussitôt de se retirer de l'affaire...
Simon Prieur s'associe alors avec des anglais qui (en lui rachetant 40 de ses 64 actions) deviennent actionnaires majoritaires du privilège minier concédé par le duc, ainsi que du bail de La Feuillade et de tout le matériel. En 1705, à la suite de nombreux impayés, les créanciers des anglais obtiennent du juge de Pierre-Buffière la mise sous scellés de tous ces biens...
Le duc cherche aussitôt à reprendre son privilège et l'affaire est confiée le 18 août à l'intendant royal de Limoges. Le 10 décembre, ce dernier ordonne l'abandon de la mine. Les dettes des anglais se montant à 12.000 livres, l'intendant exige du duc qu'il régle cette somme s'il veut retrouver son privilège, plus la mine (abandonnée) et le matériel d'extraction...
Louis d'Aubusson signe alors un nouveau bail avec un dénommé François Violette (investisseur... parisien) qui, pour 50.000 livres par an, aura le droit d'exploiter les mines du Limousin. Une année s'écoule et il ne se passe rien. Le 8 janvier 1707, le duc signe alors un nouveau bail, cette fois avec un certain Guillaume Barbier (investisseur parisien, lui aussi)...
Pour 60.000 livres annuelles, Barbier s'engage à reprendre l'exploitation minière et à rechercher de nouvelles mines. En cas de rupture du contrat, le duc recevra un dédommagement de 10.000 livres. Le 13 mai 1708, la forge est mise en marche et du plomb en sort ! Mais l'activité cesse le 12 octobre, après l'extraction de 32.434 kilos de minerai...
Ce minerai n'a permis d'obtenir que 9.191 kilos de plomb et, le 16 novembre 1709, Barbier abandonne officiellement (et paye 10.000 livres au duc). Le feuilleton (qui semble terminé) rebondit le 21 juin 1712 quand le duc se plaint auprès de l'intendant royal de Limoges que des rôdeurs entrent dans la mine pour y voler du minerai de plomb...
Le duc demande qu'une amende de 3.000 livres punisse chacun de ces voleurs (et que leur matériel soit confisqué !). A la surprise du duc d'Aubusson, l'intendant décide l'interdiction de l'exploitation de la mine de Pierre-Buffière. De plus, le privilège royal accordé au duc lui est retiré et il est même mis en demeure d'en payer les pertes financières...
Le contrôleur royal des mines écrit alors un mémoire dans lequel il remarque que "ceux qui sollicitent des concessions n'ont souvent pour seul objectif que de faire de l'argent avec le privilège qu'ils ont obtenu du roi, sans pour autant investir dans l'affaire, préférant recourir à des capitalistes usuraires" (et notre feuilleton historico-industriel s'achève donc ici !).