Exclusif : la Creuse va changer de nom !
En 1792, maçonnée au dessus de la ligne floue qui sépare le pays d'Oil du pays d'Oc, la Marche devient la Creuse républicaine et bilingue. En effet, comme le monde entier le sait, le département 23 naît cette année là (de la fusion de la Haute-Marche avec quelques morceaux des provinces voisines... et avec de vrais morceaux de pommes dedans).
Au cours du 19ème siècle, les creusois s'identifient farouchement à leur nouveau pays, véritable ciment de leur identité (Et vous trouvez ça drôle ?). Tandis que des politiciens aubussonnais et guérétois se livrent à d'anecdotiques crépages de chignons, le pays de Creuse affirme son unité, niché entre le Poitou, le Limousin, l'Auvergne, le Bourbonnais et le plat Berry.
Les années passent jusqu'à ce que, en 1952, le Conseil d'Etat ne soit saisi d'une drôle de demande de changement de nom : la commune nord-creusoise de Dun-le-Palleteau, après avoir fouillé dans sa généalogie, souhaite retrouver son nom médiéval de Dun-le-Palestel. Or le hasard veut que plusieurs conseillers (du Conseil d'état) ont des liens affectifs avec la Creuse...
L'action exercée (à cette époque) par la diaspora creusoise auprès du Conseil d'Etat permet à Dun de redevenir le Palestel. S'engouffrant alors dans la brèche ouverte, un groupe de creusois décide soudain que le nom de Creuse est touristiquement devenu péjoratif. Ils demandent donc que le patronyme de leur département soit changé (parce qu'il y a pas d'raison !).
Mais leur demande reste lettre morte... En 1986, l'association Creuse Expansion déclenche "Activator" (une enquête menée auprès de 50 personnalités creusoises) qui doit permettre de définir comment mettre en valeur le département. Les conclusions d'Activator sont que le seul point fort inscrit dans la conscience collective des sondés est, peut-être, celui de la qualité de la vie.
En 1990, les Côtes du Nord obtiennent que leur pays change de nom et soit renommé Côtes d'Armor. Aussitôt, les creusois changeurs de nom se réveillent. Ils demandent aux élus du 23 de saisir le Conseil d'Etat et de lui proposer de remplacer Creuse par... Creuse-en-Marche ! Ça, c'est dynamique au moins ! Et puis, ça fait envie en plus !
Malheureusement pour eux, André Lejeune, député-maire de Guéret, qualifie poliment cette idée de Creuse-en-Marche de "gadget". Le coup d'arrêt qu'il donne ainsi à ce changement de nom est appuyé par la romancière Françoise Chandernagor qui publie un article dans Le Journal du dimanche (où elle clame haut et fort que le nom de son pays est Creuse !).
A l'époque, cette histoire de Creuse-en-Marche fait parler de la Creuse dans tous les médias nationaux. Loin de se réjouir et de profiter de cette notoriété aussi soudaine qu'inespérée, la grande majorité des creusois la qualifie plutôt de vilaine plaisanterie. Et, à l'instar de leur député André Lejeune, on peut dire qu'eux aussi ont su rester polis !
MARCHOUCREUSE 23 annonce solennellement à toutes les creusoises et à tous les creusois, aux élus de la Creuse, au député-maire Michel Vergnier et aux membres du Conseil d'Etat que son équipe accepte aimablement que le nom de Creuse soit remplacé par celui (nettement plus sexy) de...
Marche-ou-Creuse (Oh, ben si on peut plus rigoler maintenant !).