Quelques unes des surprenantes curiosités de Gentioux-Pigerolles
La quasi totalité des habitants de la planète connaît l'étonnant pont de Senoueix, visible sur le territoire de la commune de Gentioux-Pigerolles (qui est située à l'est du lac de Vassivière... en Europe). Par contre, les terriens sont nettement moins nombreux à savoir que le monument aux morts de Gentioux est classé monument historique...
Ceux qui n'ont pas été à l'école primaire ne savent pas qu'en 1914 commença une effroyable boucherie humaine (nommée "Première guerre mondiale" par les historiens) qui se termina 4 ans plus tard, après avoir fait plusieurs millions de morts. Les campagnes se retrouvèrent exsangues de leurs paysans, les femmes furent veuves et les enfants orphelins.
Jules Coutaud revient gazé des tranchées du front. Devenu maire socialiste de Gentioux, le conseil municipal, le comité des anciens combattants de la commune et lui décident de faire ériger un monument. Un des conseillers municipaux présente alors une maquette audacieuse : la stèle est une dénonciation du drame qu'est la guerre...
Le projet du conseiller Duburgt est retenu. Le monument (en forme de colonne) sera donc accompagné par la statue d'un orphelin de la guerre montrant la longue liste des morts. La phrase "Maudite soit la guerre" sera gravée dans le granite... L'ensemble est ensuite réalisé par des artisans du pays et financé (pour plus de la moitié) par la commune.
Le monument pacifiste est inauguré en 1922 par les seuls élus locaux : une circulaire de la République française interdit que des manifestations officielles s'y déroulent et les troupes de soldats qui passent devant le monument de Gentioux (pour se rendre au camp de La Courtine) ont reçu l'ordre de ne pas le regarder. Mais, 63 ans plus tard...
Le monument de Gentioux est enfin inauguré par la République française (en 1985 donc). Fin 1989, il est inscrit à l'inventaire des monuments historiques. Désormais, chaque 11 novembre, des pacifistes, des libre-penseurs, des syndicalistes et des anarchistes viennent de plusieurs centaines de kilomètres à la ronde pour y accomplir une cérémonie pacifiste.
Pour bien comprendre la suite lisez ceci : après avoir culminé à 1530 habitants (en 1851), la population de Gentioux décline inexorablement et stagne depuis les années 1970 sous la barre des 400 habitants. Ce nombre remonte sensiblement au début du 21ème siècle avec l'arrivée de "néo-ruraux" (des gens de la ville qui viennent vivre à la campagne).
Les habitants de Gentioux, en 2012, accordent 78,7% de leurs suffrages au député socialiste Michel Vergnier et, en 2014, élisent madame Dominique Simoneau comme nouvelle Maire de leur commune. L'ancienne institutrice Simoneau obtient 2 gendarmes supplémentaires pour la brigade de Gentioux. Ensuite, elle décide de régenter la vie des "néo-ruraux"...
Elle reproche à certains (en vrac) de ne pas être recensés comme habitants de la commune, d'avoir choisi de vivre dans des yourtes, sans eau courante ni fosses septiques, et d'avoir choisi de scolariser eux-même leurs enfants. Depuis, les "néoruraux" de Gentioux se sont regroupés en Assemblée des Habitants de la Montagne Limousine.
Arrive alors le 25 octobre et la mort tragique de Rémi Fraisse. L'Assemblée des Habitants de la Montagne Limousine n'a aucun mal à s'identifier à ce jeune homme qui partageait la même philosophie de vie que la leur. Le 11 novembre 2014, centenaire de la guerre de 14, s'ils sont présents au monument de Gentioux, c'est pour lui rendre hommage...
Madame Simoneau arrive près de la stèle, escortée par 3 gendarmes et quelques enfants de l'école communale. Le public conspue alors brièvement les gendarmes : il y a 2 semaines, un de leurs collègues tuait le jeune Rémi Fraisse avec une grenade offensive. Ce même type de grenades au TNT a été utilisée pour la 1ère fois en... 1914.
Parlons aussi des enfants (oui, il y en a encore)... Un superbe livret illustré d'oeuvres artistiques des élèves de l'école de Gentioux raconte l'histoire de ce monument (le fascicule est vendu au profit de la coopérative scolaire, et ce jusqu'à épuisement du stock... Sinon, quoi d'autre ? Ah, oui : Gentioux-Pigerolles possède un territoire de plus de 79 km2 et 90 kilomètres de pistes de ski de fond. Vous le saviez vous ?