Face à face tendu entre 800 gendarmes et 8 résistants de la Haute-Vienne !
Le 6 juin 1944, à l'annonce du débarquement allié, les gars du maquis de Châteauneuf-la-Forêt poussent des cris de joie ! De leur côté, ceux de Magnac-Bourg signalent qu'un camion chargé de futs (qu'ils supposent être d'essence) passe toutes les semaines sur la nationale 20. Le chef de la brigade, le colonel George Guingouin, décide d'y envoyer un groupe...
Le capitaine Marc Brelon est nommé responsable de ce commando. Avec ses 4 hommes, ils partent pour Magnac-Bourg afin de s'emparer du précieux chargement du camion. Ils y retrouvent leurs 3 camarades et établissent ensemble un barrage sur le trajet habituel du camion. Ils attendent puis, soudain, entendent un puissant grondement de moteur...
Ce n'est pas le véhicule qu'ils attendaient mais un important convoi de camions de la gendarmerie ! L'officier qui commande le détachement est le jeune lieutenant de gendarmerie Malarme. Il vient à la rencontre du capitaine Brelon et lui dit qu'il vient d'apprendre "l'heureuse nouvelle du débarquement en Normandie". Marc Brelon respire un grand coup !
Le capitaine Brelon l'informe alors que le général de Gaulle a donné l'ordre à toutes les forces armées françaises de rejoindre la résistance. En ce qui le concerne, le lieutenant Malarme est d'accord mais il veut demander leur avis aux sous-officiers qui l'accompagnent. Quelques-uns hésitent... mais le capitaine Brelon réussit à les convaincre tous !
Le convoi s'ébranle alors en direction de Châteauneuf-la-Forêt où les 800 gendarmes, avec leurs camions et leurs 27 fusils-mitrailleurs, vont se rallier au maquis du colonel Georges Guingouin ! Ce dernier a été mis au courant de l'arrivée de ce renfort aussi important qu'inattendu. Les jours suivants, les gendarmes deviennent instructeurs...
En effet, les gendarmes, en excellents professionnels, donnent une véritable et efficace formation militaire aux jeunes résistants de Châteauneuf-la-Forêt. Par ailleurs, quelques jours seulement après l'arrivée de ce formidable renfort, une autre bonne surprise attend les maquisards du colonel Georges Guingouin...
Après s'y être toujours refusé, le haut commandement allié du général Eisenhower accepte finalement de parachuter des armes aux Francs Tireurs du chef communiste Georges Guingouin (la présence des gendarmes dans ses effectifs aurait-elle pesée ?). Une délégation des alliés atterrit alors à Châteauneuf-la-Forêt et établit une liaison radio avec Londres...
Dans la nuit du 24 juin, 72 forteresses volantes parachutent assez d'armes et d'équipements pour permettre au colonel Guingouin d'avoir une redoutable armée de quelques 5000 soldats. Un second parachutage de matériel a lieu le 14 juillet... en plein jour ! Mais, le 17, un puissant convoi d'allemands attaque le maquis de Châteauneuf-la-Forêt...
Les combats durent jusqu'au 24 juillet et les allemands, défaits, doivent se replier. Parallèlement à ces évènements, le gendarme Franz Munier parvient à s'emparer d'une automitrailleuse des S.S. de la division Das Reich. Il en prend les commandes et la retourne contre les nazis. Malheureusement, son exploit hautement héroïque lui coûtera la vie.
Tous les réseaux de résistance du Limousin sont ensuite rassemblés en une seule armée, celle des FFI du Limousin (Forces Françaises de l'Intérieur) qui sont mis sous le commandement du colonel Georges Guingouin. Ensemble, ils parviennent à libérer la ville de Limoges le 21 août... soit 4 jours avant la libération de Paris !
A lire et relire : "L'affaire Guingouin" (Michel Taubmann - Editions Lucien Souny), "Georges Guingouin, les écrits et les actes" (Marcel Parent - Editions de la Veytizou ou Editions Le Temps des Cerises)