Gioux : 2000 ans de paysannerie creusoise !
A mi-distance de Felletin et Gentioux-Pigerolles, perdue entre bois et pâtures, se trouve la commune de Gioux. En 1866, l'abbé Ramade (qui en est le curé) fait des recherches dans les archives de la paroisse. Il découvre ainsi que, situé à 1km du bourg, le village de Les Maisonnières a disparu il y a 4 siècles. Parmi les 8 bâtiments que contenait ce village, se trouvait un petit château... hé ouais !
Il appartenait aux demoiselles De la Lune, 2 soeurs de la petite noblesse creusoise du 15ème siècle. L'abbé en reste là et, 121 ans plus tard, ce sont les services compétents (et bien inspirés) de la DRAC du Limousin qui commencent des fouilles sur cet emplacement. Après 4 ans de recherches, Les Maisonnières sont inscrites en 1991 à l'inventaire des monuments historiques. Alléluia !
(cliquez sur les photos pour les aggrandir S.V.P.)
Quatre autres années plus tard, les vestiges sont consolidés... Ils ont révélé que le site avait, en fait, été habité depuis la moitié du premier siècle ! Vous imaginez ? Une ferme gallo-romaine de presque 2000 ans ! Elle ne comportait pas d'enceinte mais juste une cour fermée, avec un puits et une fosse (à purin ?). Le logis comprenait une cuisine avec foyer, un couloir d'accès et une unique pièce de vie.
De cette habitation originelle, il ne reste, hélas, que peu de traces. Car, après avoir été laissée à l'abandon pendant plusieurs siècles, les générations suivantes reviennent et utilisent les tas de pierres des ruines pour construire une bergerie rudimentaire, recouverte d'un simple toit de chaume.
Par la suite, les habitants la modifient, l'aggrandissent et ajoutent de nouvelles constructions. A la fin du 3ème siècle, la villa s'étend sur un hectare... Si cela vous chante, vous pouvez retrousser vos manches (seulement avec les services compétents, s'il vous plait !) car seule une partie de ces milliers de mètres carré a été fouillée !
Un des bâtiments de cet ensemble hébergeait un atelier de forgeron. Une grande cuve en pierre (alimenté par le puits) y est accolé et un réseau de canalisations l'entoure. Le foyer sert à la fois aux tâches artisanales, alimentaires et comme chauffage d'une des 2 pièces de ce qui est un logement de serviteurs.
Deux sources alimentaient (et alimentent toujours) le puits. Nos lointains prédécesseurs avaient astucieusement construit un réseau de canaux qui alimentaient tout à la fois un potager, la cuve du forgeron et un lavoir. Ce dernier devait probablement (?) servir au nettoyage de la laine, ainsi qu'au foulage des draps et des peaux.
3 bâtiments composaient le logis du maître de la villa. Sur place, vous distinguerez les restes d'une cuisine (avec son foyer), accolée à une demeure comportant un vestibule et une salle de vie (avec cheminée et carrelage de tuileaux). Un peu à part, se trouvait un cellier servant à stocker la nourriture.
Vous terminerez votre visite avec les vestiges d'une maisonnette où les chercheurs de la DRAC ont découvert des fragments de céramiques. Grâce à eux, ils ont reconstitué ce que devait être cette habitation, à savoir un logement destiné aux domestiques chargés des tâches culinaires.
Après (ou avant) votre visite de ces lieux mémorables, chargés de la mémoire de dizaines de générations de paysans creusois, que diriez vous d'arpentez, entre La Valette, Le Bonneix et Gioux, les quelques kilomètres de sentiers de randonnées des terres où ils vécurent... parmi les loups sauvages ?
Les derniers habitants de Les Maisonnières, outre les soeurs De la Lune, se nommaient Malval, Cubeyne et Ronteix.
Lequel d'entre vous a dit "Ça me fait une belle jambe" ?