LA DANGEREUSE "CHUTE DU POIRIER" EXIGE VOTRE PRUDENCE !
Pour ne rien vous cacher, nous avons longtemps hésité avant de vous parler de cet endroit tant il nous a paru DANGEREUX, pour diverses raisons... Il s'agit de la "chute du Poirier", un site trés tumultueux mais peu sécurisé qui se trouve sur le Taurion, en contrebas du village de le Poirier (non loin de Pontarion). Nous allons donc vous détailler le bien fondé de nos craintes...
A la sortie de Pontarion, nous empruntons la D941 (en direction de Saint-Hilaire-le-Château) et trouvons trés vite (à droite) la minuscule route (qui descend vers le Poirier) où un second panneau indique "chute du Poirier". Le village (qui se compose de 3,26 maisons) entoure une placette où (sous la surveillance d'un vieux tracteur décrépi) des lapins domestiques gambadent en liberté surveillée.
Nous traversons prudemment le village, poursuivons (sans avoir écrasé de lapin) et voyons apparaître le noir Taurion. Comme nous sortons d'une longue période de pluie, ses eaux sont gonflées et le courant important... mais (aujourd'hui) il fait beau ! La piste (parallèle à la rivière) se termine devant une maison inachevée (sur un panneau délavé se devine avec peine les mots "chantier interdit").
Une sente contourne ce bâtiment (ouvert à tous vents) et sinue ensuite entre des rochers qui n'ont qu'une envie : nous tordre les chevilles ! Au détour d'un bloc, nous découvrons soudain, en contrebas, un bassin rectangulaire empli d'une eau que d'inquiétants petits tourbillons parcourent. Nous sommes sur nos gardes mais... le démon de la photo nous attire vers ce lieu.
Nous avançons prudemment sur le côté droit du bassin. Le grondement du courant est assourdissant. Nous examinons la configuration des lieux et découvrons qu'en amont, une retenue d'eau dirige le plus gros du flot vers le grand réservoir au bord duquel nous nous trouvons. Pourtant, le niveau ne monte pas dans ce bassin ! C'est étrange (et inquiétant)...
Pour éclaircir le mystère, nous nous penchons (un peu) par dessus le parapet qui sépare le Taurion de ce bassin et découvrons que l'eau jaillit de ses entrailles pour retourner furieusement vers le lit naturel de la rivière. Pour être trés précis, le courant a bigrement percé la paroi du bassin et la grosseur de la trombe d'eau jaunâtre est vraiment impressionnante !
Connaissant les dégats que la force d'un flot tumultueux peut engendrer, nous jugeons plus sage de remonter vers le sentier et de reprendre alors la lente descente qui nous éloigne vers l'aval de ce site inquiétant. Nous parvenons au bord de la rivière qui, libérée de l'étranglement où a été construite la retenue d'eau du réservoir, a retrouvé sa largeur habituelle.
Les énormes rochers sont derrière nous. La sente (probablement un chemin de pêcheurs) continue de longer un Taurion qui, s'il est toujours aussi sombre, est désormais plus paisible (mais pas encore assez, malgré le gentil soleil de ce mois de février, pour nous donner une irrépressible envie de nous baigner dans ses eaux traitresses... "Faut pas charrier !" comme dirait cyniquement notre bavard ami le Taurion).
Nous faisons demi-tour, retrouvons les rochers et le sinueux sentier qui les contourne. En passant de nouveau devant la maison du bout de la piste, nous découvrons qu'elle est habitée par des milliers d'abeilles sauvages. Nous nous gardons bien d'approcher car (comme vous le savez toutes et tous) ces petites butineuses ont horreur que l'on s'approche de leur nid !
Environ 100 mètres en amont, le Taurion est enjambé par une passerelle... nous aurions dû l'emprunter pour visiter l'autre rive ! Nous n'avons plus le courage d'aller tester sa robustesse (cette été, en basses-eaux... peut-être). Pour l'heure, nous sommes désormais hanté par une question : combien de temps faudra-il pour que le bassin soit emporté par le courant ?
Des cartes mentionne la "chute du Poirier" comme ayant été le lieu d'un ancien moulin. Nous y avons (en effet) entraperçu des rouages rouillés (dans les ruines, au bout du dangereux bassin). Il est évoqué (dans des archives) que l'énergie du Taurion a alimenté une minoterie, a permis de carder la laine ou (comme au Poirier) a servi à fabriquer... des pinces à linge en bois !