LES RÉVOLUTIONNAIRES CREUSOIS ONT ÉTÉ UN PEU NULS (TOUT DE MÊME) !
Entre Bourganeuf et Eymoutiers (en contrebas de ce qui deviendra plus tard le lac de Vassivière) se trouve le castrum romain de Pairaco. Au début des années 600, ce domaine est récupéré par le mérovingien Brodulf (oncle du roi Caribert II). En 631, plutôt que de mettre sa culotte à l'envers, le roi Dagobert préfère s'emparer du duché d'Aquitaine (dont fait partie le Limousin)...
Dagobert se débarrasse alors de Brodulf et, en 636, offre le château et ses terres aux moines de l'abbaye de Saint-Denis-de-Peyrat... Le roi Charles-Martel reprend ensuite le tout... Mais Charlemagne le leur rend en 801... Les rois carolingiens le re-reprennent... Mais Charles-le-Simple le leur re-rend en 905... Puis arrive Ademar-des-Echelles...
Ce petit futé (qui affirme être l'héritier du château et des terres par son aïeul Charles-Martel) s'en empare. Il le lègue à son fils Bernard (qui est moine). Mais, par la suite, un noble se proclame seigneur de Peyrat. D'autres font comme lui, jusqu'en 1184, date à laquelle le comte de Toulouse et les anglais s'installent au château de Peyrat (Pairac, Pairach ou Payraco selon les époques).
La seigneurie devient alors une sénéchaussée anglaise (et Peyrat une vraie petite ville). Puis, en 1195, Peyrat intégre la province de la Marche (à partir de là, soyez attentifs)... En 1215, Hugues IX s'empare de force de la totalité de la Marche (et donc de Peyrat). Son fils Hugues X lègue à Hugues XI (son petit-fils) le comté de la Marche. Puis Hugues XI meurt en 1250...
Alphonse de Poitiers en profite pour accaparer une bonne moitié des terres de Peyrat, l'autre moitié passant dans l'escarcelle de la famille de Lusignan. En 1310, Jeanne de la Marche hérite des châteaux et domaine de Peyrat, Pontarion, Saint-Hilaire et Couhé (ainsi que d'une bonne trentaine de paroisses comme Bourganeuf, Thauron, Nedde, Royère, et Tarnac).
Au lendemain de la Révolution française, à l'heure où l'on constitue les départements, l'enclave de Peyrat est tout aussi fermement revendiquée par Limoges (pour l'inclure dans la Haute-Vienne) que par Guéret (pour l'intégrer dans la Creuse). Après d'âpres discussions, les délégués révolutionnaires des villes de Bourganeuf et de La Souterraine tranchèrent (littéralement)...
Ils coupèrent donc l'ancienne et vaste châtellenie de Peyrat en 2... Hop là, pas de jaloux : un morceau pour la Creuse et un autre pour la Haute-Vienne ! Mais, ce faisant, nos joyeux délégués creusois privent ainsi la Creuse de la possession de ce qui deviendra 2 siècles plus tard le très touristique lac de Vassivière... Ils auraient dû y penser (tout de même) !