Florence a construit sa maison avec ses petits bras musclés
Florence arrive seule en Creuse en 2008. Elle achète une "ferme" à des anglais qui y élevaient des moutons (dans l'extrème nord du département, sur la commune de La Cellette pour être précis). En réalité, elle acquiert un ensemble de hangars métalliques (sous lesquels étaient parqués les moutons), un hangar à charpente bois, une maisonnette (en ruine) et 8600 m2 de terrain.
Elle retrousse ses manches et (avec l'aide précieuse de son frère et d'amis) s'aménage une cabane provisoire dans un coin des hangars en métal. Elle isole la toiture avec de la laine et érige des murs en paille, simplement maintenus par des planches de scierie. Lorsque l'hiver arrive, Florence apprécie à sa juste valeur le combat que son poële à bois livre aux courants d'air.
Au printemps 2009, forte de cette première expérience, elle décide de concrétiser le projet qu'elle a en tête. "Elle va redémarrer un élevage de moutons" vous dites-vous... Ben non ! (du fait de la proximité d'une habitation voisine, elle n'en aurait d'ailleurs pas le droit) ! Non, elle a décidée d'auto-construire sa maison. Elle suit un stage et dévore les livres et revues qui traite du sujet...
Son projet écologique est assez original : elle veut construire une maison en paille compressée et structure bois sous le hangar à charpente bois (et dans laquelle il n'y aura plus de courants d'air cette fois !). Elle commence doucement à organiser le chantier et obtient l'aide de sa famille (dont celle, toujours précieuse, de son frère), de ses amis et de membres de chantiers d'auto-constructeurs.
La toute première des (très nombreuses) taches consiste à refaire la toiture. Ensuite, avec l'aide éclairée des auto-constructeurs, une chape de ciment est coulée. Florence, qui travaille à mi-temps à Guéret, ne ménage pas sa peine et consacre ses loisirs à l'ossature bois, à l'encadrement des portes et des fenêtres, puis participe à la construction des murs en paille. Reste à les crépir...
Autrefois, avant de devenir élevage de moutons, l'endroit hébergeait une briquetterie artisanale. Les briques étaient faites avec la terre du terrain... Florence décide, elle aussi, d'utiliser cette terre. Elle la mélangera avec du sable et du colorant pour faire elle-même son crépi. A coup de tracto-pelle, des mètres-cubes de terre sont alors entreposés sous les hangars métalliques.
Maintenant, imaginez : vous avez quelques 30 à 40 m3 de terre et de sable à tamiser, à colorer et à mélanger (ça fait beaucoup de pelletées)... "Titanesque !" dites-vous ? Florence et son frère l'ont fait ! Ensuite, en équipe, ils ont longuement crépi la paille, remouillé mille fois cet enduit qui fait des fissures quand il sèche et rechargé mille fois ces fissures... jusqu'à les vaincre !
Avec les auto-constructeurs, ses amis et sa famille, Florence pose portes et fenêtres, monte les solives et le plancher de l'étage (qui est ensuite isolé à l'aide de panneaux de bois). Aujourd'hui, après 5 ans de dur labeur, la nouvelle maison s'annonce douillette (nous certifions : l'isolation est plus que parfaite !). Elle va donc y emménager avant l'hiver prochain. Alors, pour Florence...
HIP, HIP, HIP, HOURRA !