LE PUISSANT CAMP MILITAIRE DE SAINT-GOUSSAUD
Jules César, qui a décidé d'envahir la Gaule, parvient à Alésia où il assiège les Gaulois. Encerclé, Vercingétorix appelle les Lémovices à son secours... le Limousin est alors un état puissant, doté de pistes de circulation et de citadelles (à Guéret, à Saint-Vaury, à Pionnat, à Thauron, sur le mont de Transet, à Peirseix, vers Nadapeyras, vers Saint-Georges-Nigremont et sur le mont de Jouer).
Les Lémovices répondent à l'appel de Vercingétorix en lui envoyant 10.000 guerriers (sur les 60.000 que compte leur armée). A leur tête se trouve Sedulix, leur chef, qui est malheureusement tué dans la bataille. Après la chute d'Alésia, Jules César et son armée marchent sur le Limousin, atteignent le mont de Jouer et y établissent un camp fortifié.
En 24 avant JC, l'empereur Auguste ordonne la construction de voies de circulation en Gaule. La 1ère relie Lyon à Saintes et traverse le Limousin. Pour aller plus vite, les Romains reprennent les pistes des Lémovices qu'ils se contentent d'empierrer. Vers Saint-Goussaud, où le sol est en granit, les Romains ne mettent même pas de pavés !
La voie Lyon-Saintes passe par 3 lieux importants : Fines, Acitodunum (Ahun) et Praetorium. Au 18ème siècle, le géographe d'Anville, l'ingénieur Cornuau et l'abbé Nadaud déterminent que Praetorium est sur le mont de Jouer (et était donc un noeud routier avec la voie Bordeaux-Bourges). En 1863, un certain Buisson de Masvergnier se rend au mont de Jouer...
En 3 jours, Buisson de Masvergnier découvre plusieurs tas de briques, des tuiles, des clous, 2 murs de 8 mètres de long, un puits maçonné, un aqueduc et une pêcherie romaine. En 1902, l'abbé Dercier, curé à Saint-Goussaud, décide de reprendre les fouilles : en 6 ans, il va y découvrir 4 meules gallo-romaines, 4 puits, 1 lance, 2 fibules et des pièces de monnaie.
Ces pièces romaines (datant de -60 à +180 après JC) sont accompagnées d'une pièce de monnaie... gauloise. L'abbé découvre également sur ce site les ruines de 21 bâtiments et les morceaux d'une statue qui devait mesurer 3 mètres de haut. De plus, il met à jour les vestiges d'un théâtre romain de 30 mètres de diamètre comportant des restes de gradins.
L'abbé Dercier demande alors aux habitants de La Ribière, le village voisin, de cesser de prendre des pierres sur le site du mont de Jouer. Puis, en 1928, sa santé déclinante l'oblige à abandonner les fouilles. Elles sont d'abord reprises, en 1962, par le père Fouquet (aidé de jeunes scouts) puis, en 1964, par une cinquantaine de bénévoles du Touring Club de France...
Ils dégagent entièrement les vestiges du théâtre romain et, toujours en 1964, maître Dayras (président de la Société des Sciences de la Creuse) affirme que la cité de Praetorium a trés probablement été construite sur le mont de Jouer ! Quant à elle, Andrée Louradour (également de la Société des Sciences) avance une hypothèse concernant le nom de Praetorium...
Selon elle, Praetorium serait l'ancien nom de Prataury, un village de la commune de Saint-Goussaud. Elle affirme également que le mont de Jouer se nommait autrefois "mont Jove" (c'est à dire "mont Jupiter"). Quant à nous, intuitivement (c'est à dire sans aucune preuve), nous subodorons que Praetorium a été bâtie sur l'emplacement d'une citadelle... gauloise.