MARCHOUCREUSE SALUE CLAUDE MONET, MAURICE ROLLINAT ET DIDIER SIMARD
Mon cher Monet,
J'ai à vous remercier du réconfort moral et intellectuel que m'ont donné vos exhortations et votre exemple ! Grâce à vous, j'ai pris l'habitude de me coucher de bonne heure et je m'en trouve très bien à tous points de vue. Depuis que vous en avez fait ressortir les avantages, j'apprécie mieux mon séjour en pleine campagne...
Et vraiment, à tout bien considérer, je me trouve plus heureux que le commun des mortels puisque j'ai la liberté du travail et de la paresse; je me fais l'effet à moi-même d'être le roi de la fantaisie dans le sans-gêne de la nature.
L'autre jour, j'ai revu votre arbre : toute la partie donnant sur la rivière s'est complètement refeuillée. Actuellement, la campagne est splendidement étoffée jusque sur les côtes les plus sauvages où les genêts foisonnent si jaunes que de loin on les prendrait pour d'immenses cimetières inclinés dont les croix seraient cachées sous des pullulements d'immortelles.
Déjà dans certains fonds, on remarque ce noircissement de la verdure dont je vous ai parlé. Sur les hauteurs, les horizons enchantent les regards : un infini d'ombre verte dans une immensité de fumée bleue.
Nous vous embrassons bien affectueusement,
Maurice Rollinat
Extrait d'une lettre (écrite à Fresselines le 25 mai 1889) par le poète Maurice Rollinat pour Claude Monet, son ami peintre.
(MARCHOUCREUSE dédie ce court billet à Didier Simard - animateur à France Bleu Creuse - pour le remercier de son accueil chaleureux).