L'école rurale : une espèce en voie de disparition ?
Vers environ (et aux alentours de) 1910 (à peu près), les petites et les petits creusois s'engagent tôt matin dans un chemin creux et, qu'il pleuve ou qu'il vente, se dirigent à pied vers l'Ecole Communale où les attend l'enseignant(e). La plupart de ces gamins des campagnes sont des enfants de paysans et, donc, sont souvent dispensés d'école par leurs parents...
Non, non, non, ils ne font pas l'école buissonnière : au moment des labours, à la saison des semailles et à toutes celles des récoltes, ils sont réquisitionnés pour les travaux dans les champs. Ils doivent (comme "on" dit) gagner leur croûte pour pouvoir la casser ! Alors, dans ces moments-là, l'école est pratiquement désertée et... l'enseignant(e) n'a pas son mot à dire.
A la fin de leurs 5 ans d'école, la quasi totalité de ces petits campagnards a définitivement terminé ses études. Presque tous vont devenir paysans. Maintenant, ils savent écrire (à l'aide d'un plumier qui fait des pâtés et d'un encrier qui se renverse et colore tout en noir, bleu ou violet). Ils ont aussi fait plein de dictées et de rédactions dont les sujets portaient sur la vie du monde rural...
Et, en plus, ils ont même appris à calculer la surface d'un champ ! Les voilà parés, crénom d'crénom ! Dans les années 1920 et 1930, les rares écoliers qui décrochent leur Certificat de fin d'études primaires peuvent espérer continuer au collège mais, pour celà, doivent quitter leur commune... Quoi qu'il en soit, Certif' ou pas, tous savent que la vache vêle après avoir été au taureau !
Après la seconde guerre mondiale (environ et aux alentours de, là encore), les petits z'écoliers voient, en même temps que leurs parents, les tracteurs et les moissonneuses mécaniques se répandre dans la Creuse. Peu à peu, avec l'arrivée de la fée électricité, les poêles qui chauffaient les classes tirent leur révérence. Dans le même temps, les villages se vident de leurs paysans...
Du coup, les écoliers ne quittent plus l'école pour aller travailler dans les champs : ils quittent carrément la campagne pour aller vivre en ville (et pas seulement en Creuse : en 1968, un tiers des français est encore agriculteur et, au début de notre glorieux siècle, il n'en reste que 5%) ! Et en plus, les écoles encore en "zones rurales" font désormais comme les écoliers : elles s'éloignent de la nature...
C'est pourquoi Marchoucreuse dédie cette page aux 'tites z'enfants creusois qui ont connu le bonheur d'aller, avec leur enseignant(e), dans le potager de l'école pour semer, biner et récolter des légumes, qui ont pu s'enthousiasmer en découvrant la flore des bois ou en apprenant à distinguer le chant du pirouli tâcheté de celui du klaxon-simca des prés... Voilà ! Et toc !