IL Y A PLUS D'UN SIECLE, DES CREUSOIS CREAIENT (DEJA) DE NOUVELLES FORMES DE BIBLIOTHEQUES
La "bibliothèque du peuple", qui voit le jour à Azerables en 1897, n'a que des ouvrages politiques : elle devient par la suite le lieu de naîssance d'un groupe du Parti Ouvrier. Puis, au début du 20ème siècle, Guéret et Aubusson mettent en place de plus sages "bibliothèques municipales" où les habitants peuvent emprunter toutes sortes de livres...
A Chabanne (commune de Saint-Pierre-de-Fursac), 2 migrants créent une "bibliothèque populaire" (elle contient 457 livres en 1932) pendant que, en 1929, des communistes creusois mettent en place une "bibliothèque politique" (pour "éduquer les masses"). De son côté, l'Union des Coopérateurs du Centre organise en 1934 une "bibliothèque mobile" (qui cessera de fonctionner en 1939).
Sur la commune de Grand-Bourg, un paysan nommé Jean Carriat préfère quant à lui composer sa propre bibliothèque (en 1940, elle rassemble 1735 ouvrages). Les paysans Paul Nival et Julien Tixier font de même à Saint-Alpinien et à Le Donzeil. Après leurs morts, leurs collections de livres et magazines sont léguées aux "bibliothèques publiques" de leurs communes.
D'autres "bibliothèques paysannes" sont constituées dans le département (notamment à Chamsanglard, La Celle-sous-Gouzon, Jouillat et Chamborand). Outre des livres, elles contiennent des revues féminines telles que L'Echo de la mode, des exemplaires de l'Almanach Vermot, des catalogues du magasin parisien Le Bon Marché ou de La Manufacture Française de Saint-Etienne.
Les livres les plus prisés (tant dans les bibliothèques publiques que privées) sont alors ceux d'Emile Zola, de Jack London, d'Alexandre Dumas et de Victor Marguerite (un écrivain donts les écrits "favorables" à la libération des moeurs resteront pendant longtemps les N°1 des emprunts de livre en Creuse). Sinon, parmi les "best sellers", figurent Le Feu (d'Henri Barbusse) et La Terre (d'Emile Zola)...
Sans oublier Madame Bovary, A l'Ouest rien de nouveau, La Guerre du feu, Croix de bois, Sans famille, La Jument verte (ou La Garçonne et Sapho d'Aphrodite, de Victor Marguerite bien évidemment). A la naissance de la bibliothèque municipale de Guéret, ses lecteurs (habitants de la "capitale") préfèrent quant à eux emprunter ceux de George Sand et de Victor Hugo.
Dans les années 1930, à contrario de celle de Guéret, la "bibliothèque ouvrière" de Mont Cocu (commune de Saint-Amand-Magnazeix, en Haute-Vienne... à 2 pas de la Creuse) choisit quant à elle de retirer de ses rayonnages tous les auteurs français qu'elle juge être "de droite" pour mettre à leur place des oeuvres d'écrivains soviétiques... (du moins, jusqu'à la signature du pacte entre Hitler et Staline).
Le billet que vous venez de lire a été largement renseigné grace à la trés savante Société des Sciences de la Creuse.