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MARCHOUCREUSE 23
9 août 2020

COMMENT LA VILLE DE GUERET S'EST JADIS BRUSQUEMENT PASSIONNEE POUR LA BICYCLETTE...

A la fin du 19ème siècle, un tortillard arrive en gare de Guéret : 1 homme et 2 femmes en descendent et s'engagent à pied dans l'avenue Gambetta. De part et d'autres, il n'y a que des prés et des jardins potagers que séparent de rares maisons. Puis, les voyageurs atteignent l'avenue Manouvrier (anciennement nommée route de Moulins) où les habitations sont plus nombreuses...

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Venus de Paris, Henri Brunet, Berthe (son épouse) et Ernestine (la soeur de Berthe) déposent leurs bagages à l'hôtel Saint-Joseph. Pendant le trajet entre la gare et l'hôtel, les 3 voyageurs n'ont pas vu circuler la moindre bicyclette, ce qui intéresse Henri car il projette justement d'ouvrir un commerce de vélos à Guéret  (une ville qui n'a alors jamais connu ce genre de boutique !).

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Le trio part donc en quête d'un local, une recherche qui pourrait s'avèrer difficile car, à Guéret, les commerces libres (et bien placés) sont trés rares. La rue des Chers (aujourd'hui rue de Verdun) les amène à la place Bonnyaud, où ils s'émerveillent de voir le Palais de Justice et la caserne des Augustines  (devant laquelle un soldat du 78ème d'infanterie monte la garde dans une guérite en bois).

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De l'autre côté se trouve le dépot de la Remonte, utilisé par l'armée pour ses chevaux et leur fourrage et d'où émane un puissant fumet de crottin (ce dépôt sera par la suite rasé et remplacé par un bâtiment en granit qui abritera plus tard l'Hôtel de Ville de Guéret). Ernestine, Berthe et Henri Brunet passe ensuite devant la Préfecture, avant de descendre la trés commerçante Grande-Rue...

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Au vu des murs fissurés et des toitures effondrées de l'Hôtel des Moneyroux, ils pensent tous les 3 que ce bâtiment sera sous peu une ruine. La pente de la Grande Rue les conduit vers la vivante place du marché et "le vieux Guéret", où se concentre la mairie, l'église, de moyen-âgeuses maisons du 15ème siècle et de sonores ruelles pavées.

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Plusieurs siècles plus tôt, ce quartier (alors unique) s'appelle Bourg-aux-Moines. Il entoure le monastère de Saint-Pardoux, lieu fondateur de la future cité. Par la suite, l'ensemble de bâtiments que les moines ont construit est ravagé par une horde de Goths. Bourg-aux-Moines est alors rebaptisé Guéret... du nom du lieu sur lequel a été érigé le monastère.

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En cette fin de 19ème siècle, une superbe halle (qui vient d'être édifiée) se dresse au centre de la place du marché. A l'angle de cette place et de la rue Jules Sandeau, Henri Brunet vient quant à lui de trouver l'endroit idéal pour son commerce : 1 logement, à l'étage, et 2 boutiques au rez-de-chaussée. L'une fera un bel atelier et l'autre servira à exposer les vélos !

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Le loyer (qui est de 800 francs annuel) est un peu cher. De plus, la maison n'a pas l'eau courante (comme la plupart des bâtisses du quartier d'ailleurs) et il faudra aller la chercher à la borne-fontaine, à l'entrée de la halle. Par contre, le petit immeuble est un des rares qui soient alimenté en gaz et en électricité. A l'annonce de l'ouverture du magasin, tout Guéret s'y rue...

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Les curieux viennent dans la boutique pour découvrir, admirer, toucher et (parfois) acheter un des rutilants engins (de marque Clément) qui sont exposés là. La bourgeoisie de Guéret s'entiche de la nouveauté et veut absolument posséder une de ces (coûteuses) bicyclettes. Henri Brunet enchaîne vente sur vente et embauche alors 2 ouvriers pour l'atelier de réparation.

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Le succès de l'entreprise semble désormais assuré. Cependant, quelques années plus tard, par une froide journée de novembre, Henri Brunet décède brutalement. Son épouse est ravagée par le chagrin et, après plusieurs mois, elle ferme l'atelier, en cède le local et vend tout l'outillage à vil prix. Berthe Brunet garde cependant le magasin et une vingtaine de cycles Clément...

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L'affaire, qui redémarre doucement, finit par redevenir florissante. Berthe Brunet embauche alors un mécanicien, et une vendeuse pour l'aider à tenir la (désormais) "Maison veuve Brunet". Mais, 2 mois plus tard, la 1ère guerre mondiale éclate. Une grande partie de la clientèle part pour le front et le local est réquisitionné par l'armée qui l'utilise comme dépot pour les uniformes.

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En 1918, Berthe Brunet et sa soeur parviennent de nouveau à faire repartir la boutique de vélos. La veuve Brunet l'ouvre chaque jour et fera ainsi jusqu'à ce que la mort l'arrête, dans l'année de ses 79 ans.

Ce billet a été réalisé grâce aux écrits de George Henry (la fille de Henri Brunet), contenus dans son livre Histoire d'une famille (aux éditions La Pensée Universelle).

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