LES ENTRAILLES DE LA COMMANDERIE DE LAVAUFRANCHE
En 1940, fuyant l'avancée des troupes allemandes, des réfugiés du nord de la France sont hébergés "au pied levé" dans l'ancienne chapelle (devenue grange à foin) de l'ancienne commanderie de Lavaufranche... La Creuse va alors en être bellement récompensée puisque les réfugiés y découvrent de splendides fresques (cachées derrière le plâtre qui tombe en lambeaux) !
Répertoriées (par André Guy en 1958), elles sont alors classées monuments historiques. La famille Blondeau, qui achète le château de Boussac en 1965, le fait restaurer et l'ouvre à la visite. Puis (dans les années 1980), elle acquière la commanderie de Lavaufranche et, en dégageant un tombeau (datant de 1480), les Blondeau découvrent alors d'autres fresques cachées.
En 2011, Antoine et Frédérique, un couple de "designers" parisiens, rachètent la commanderie de Lavaufranche (où ils vivent la majeure partie de l'année désormais). Vers 2017, ils obtiennent des subventions, européennes et nationales, pour restaurer la chapelle et ses précieuses fresques classées et ils s'engagent à ouvrir la commanderie au public... par la suite !
Mais retournons (si vous le voulez bien) en 1180, qui est probablement l'année de création de cette commanderie de moines-soldats de l'Ordre des Hospitaliers... Ils construisent une longue chapelle fortifiée et, un peu à part, un puissant donjon carré. Au 14ème siècle, leurs successeurs construisent 2 corps de logis autour du donjon et ajoutent des tours rondes.
Le tout forme un puissant et grand ensemble fermé, couronné par un chemin de ronde. Là, dans cette enceinte militaro-religieuse, les Hospitaliers peuvent accueillir, soigner et protéger les voyageurs et les pélerins de passage. Autour, s'étendent les terres agricoles qui leur sont confiées et qu'ils mettent soigneusement en valeur. Tout va pour le mieux donc !
Mais, au 16ème siècle, une partie de la chapelle s'écroule... les Hospitaliers déblayent les ruines, raccourcissent la chapelle et déconstruisent la tour d'angle : désormais ouverte, la commanderie ne comprend plus que la chapelle raccourcie, les 2 corps de logis et le puissant donjon. Lorsque survient la révolution, ce dernier est à son tour raboté...
Tout ce qui est militaire et religieux est minutieusement supprimé ou caché et la commanderie est transformée en une grosse ferme. Dans le moignon de chapelle qui reste encore debout, les fresques religieuses sont recouvertes de plâtre, le tombeau du commandeur Jehan de Grimau est caché derrière des cloisons, et la chapelle devient alors une grange.
A mi-hauteur, des poutres sont encastrées DANS les murs, pour supporter un plancher sur lequel du foin sera stocké par la suite... S'il est (chez certains parfois) de bon ton de se lamenter sur les dégats que les révolutionnaires ont fait subir aux édifices religieux, sachez qu'à Lavaufranche, la Révolution française n'est pas la seule à incriminer...
Explication : la commanderie (en plus de ses fresques) est classée monument historique en 1963 et une restauration est engagée... les poutres du plancher de la chapelle sont sciées au ras des parois mais cette (nouvelle) modification déséquilibre les murs (qu'il faut étayer de toute urgence). En 1970, elle est sauvée de justesse car elle a été placée... sur le tracée d'une voie ferrée ! Ouf !