Gravats radioactifs à Anzème : 2 ou 3 choses qu'il faut savoir
Nous allons, ci-dessous, tenter de vous exposer chronologiquement pourquoi et comment AREVA (cliquez ici pour voir notre document de 2010) va regrouper des gravats radioactifs sur le site de l'ancienne mine d'uranium du Vignaud, sur le territoire de la commune d'Anzème. L'histoire commence en 1956 : la Compagnie Française Mokta (CFM) exploite cette mine jusqu'en 1962...
La CFM en retire 19 tonnes d'uranium, cachées au milieu de 18.000 t. de granite. Les "stériles" (peu radioactives) sont dispersées aux alentours par des entreprises du bâtiment. Puis, la responsabilité du site est tranférée à la COGEMA/AREVA, laquelle a acheté l'ancien carreau de la mine. En mars 2010, mr. J. Fine procède a une expertise et y décèle 3 risques d'affaissements possibles...
En 2011, AREVA injecte du béton dans les galeries suspectes. Dans la foulée, l'industriel procède à un "assainissement radiologique" de 3 endroits où a été détectée de la radioactivité, met en sécurité la "tête de puits" et le niveau -12, rachète le terrain autour de l'ancien carreau et le ferme avec une cloture. En 2013, AREVA doit intervenir pour solutionner un nouvel affaissement.
Le 3 décembre 2015, AREVA présente un projet à la Commission de Suivi des Sites de Creuse et, le 16 décembre 2015, au Comité Départemental de l'Environnement et des Risques Sanitaires et Technologiques de la Creuse. Puis, le 7 janvier 2016, un arrèté préfectoral favorable au projet est prononcé : il détaille les conditions que l'industriel aura à respecter...
AREVA ne devra pas ramener à Anzème plus de 10.000 m3 (soit environ 18.000 tonnes) de gravats radioactifs. Le transfert devra se faire dans des camions adaptés et bâchés qui transporteront 11 ou 20 m3 à la fois. Un registre des rotations sera tenu (par qui ?) et mis à la disposition de l'inspecteur chargé des mines (la surveillance des travaux étant confiée à la Sous-Police des Mines).
Un bilan final devra être dressé : il indiquera les quantités de gravats ramenées et leurs provenances. Des contrôles de la qualité de l'air devront être effectués dans le village du Vignaud et la radioactivité des eaux du ruisseau de Besse (qui coule en contrebas du lieu de stockage) sera mesurée avant, pendant, et à la fin des travaux, lesquels devront être terminés avant le 31 décembre 2018.
Un captage d'alimentation en eau potable se trouve à 1,7 km en aval du village du Vignaud (il approvisionne une partie des habitants de La Celle Dunoise). Mais revenons sur le déroulement du chantier : AREVA va d'abord retirer la terre qui couvre le puits (depuis 1962) et, à l'aide d'une puissante pelleteuse mécanique, empilera alors les gravats radioactifs en surface.
Une couche de terre de 40 cm sera ensuite remise par dessus. AREVA (qui est autorisée à ramener 10.000 m3) parle d'un transfert de seulement 2000 m3 et de 193 rotations de camions (soit 8 par jour pendant 1 mois). Mais "une seconde phase" est prévue... pour acheminer le reste des gravats (c'est à dire 8000 m3, donc 772 rotations de camions et 4 à 5 mois de travaux supplémentaires).
Les habitants du Vignaud doivent, en réalité, s'attendre à devoir supporter le passage d'environ 965 camions, ainsi que le bruit de la pelleteuse pendant une demie année. La Préfecture de la Creuse indique par ailleurs que "les camions ne seront pas soumis à la réglementation des transports de matières dangereuses du fait de la faible radioactivité des gravats qui seront convoyés".
Une réunion publique d'information s'est tenue à Anzème le 21 avril 2016 en présence de mr Christian Andres (employé par AREVA comme directeur de la sécurité et directeur de l'après-mines pour la France), d'un représentant de la Préfecture et du maire d'Anzème. Les maires des communes voisines du Bourg-d'Hem et de La Celle Dunoise n'étaient pas invités. Mr Andres n'a pas vraiment convaincu les quelques 50 personnes présentes.
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