LA PRISON DE GUERET... C'EST LA VIE DE CHÂTEAU !

18 mai 2023

LA PRISON DE GUERET... C'EST LA VIE DE CHÂTEAU !

La prison royale de Guéret se trouve dans les tours de la porte Marchedieu, du moins jusqu'en 1767... En effet, après la destruction des tours, une nouvelle prison est construire rue de la Motte. Le rez-de-chaussée comporte le logement du geolier, plus un cachot et un préau pour la promenade des prisonniers, ainsi qu'un second cachot niché sous l'escalier qui mène à l'étage...

Ce cachot est minuscule, trés bas, sans fenêtre et sans air. En 1788, 3 individus sont détenus dans la prison pour vols, 4 autres pour vagabondage et mendicité, 8 parce qu'ils ont été condamnés par la justice et 16 pour trouble à l'ordre public. A quelques mois de la Révolution, la plupart d'entre eux ont des fers aux pieds et aux mains 24 heures sur 24... bonne nuit les gars !

Depuis 1670, le réglement stipule que le geolier doit fournir à chaque détenu de la paille fraîche tous les 15 jours (pour son couchage par terre), 1 kilo de pain par jour et des récipients en terre (pour boire et pour la soupe). Les années où le blé coûte trop cher, il n'y en pas beaucoup dans le pain ! Mais les autres années, les prisonniers restent encore et toujours à la merci de leur gardien !

Ce dernier a, en règle générale, tendance à diminuer les rations... pour augmenter ses gains ! Il n'est donc pas rare que l'odorante et grouillante paille des prisonniers ne soit changée qu'au bout de 6 semaines (soit 42 douces nuits). Au cours d'une de ses visites d'inspection, Abdon Couturier de Fournoue (procureur du roi) constate que le pain des détenus est immangeable...

La garde des détenus est alors sous la responsabilité d'un certain Honoré Martin, lequel est en passe d'être condamné pour "faits délictueux" sur demande du lieutenant de police De Madot. Martin disparait avant d'être arrêté. Il est remplacé par Joseph Bonnafoux, qui tenait auparavant la buvette du Palais de justice de Guéret. Mais Couturier de Fournoue le révoque...

Il nomme à sa place Antoine Landrois, écrivain publique. Le lieutenant de police De Madot est furieux. Le procureur Couturier De Fournoue décide alors que la justice n'a qu'à choisir qui sera le geolier... Pour ne froisser ni l'un ni l'autre, les officiers de justice désignent une 3ème personne, arguant que Bonnafoux et Landrois exercent des métiers indispensables pour la ville.

François Pijot (le 3ème homme) a cependant le défaut de ne savoir ni lire ni écrire ! Un remplaçant est aussitôt recherché... Comme le lieutenant de police De Madot vient de décéder, les officiers de justice re-nomment Joseph Bonnafoux (précédemment choisit par le procureur Couturier de Fournoue)... Hélas, mille fois hélas, Bonnafoux meure à son tour !

Couturier de Fournoue propose de re-désigner Antoine Landrois, son 1er candidat... Couderc de Sardent, le nouveau lieutenant de police, accepte ce choix et Landrois devient finalement geolier de la prison royale de Guéret. Il reçoit un certain Jean La Roche qui est condamné à mort pour vols et "bris de troncs" en l'église d'Aubusson. Ce dernier décide alors de s'évader...

Avec 5 autres détenus, il creusent un trou dans le mur du préau. Mais la tentative d'évasion échoue et Jean La Roche est aussitôt pendu. La potence a été dressée sur la place Marchedieu (future place Bonnyaud) où elle reste plusieurs jours. Puis la potence et son pendu sont déplacés en bas du chemin de Pameille... départ de la route pour Aubusson, lieu des forfaits.