LA CREUSE EST-ELLE LE PLUS GROS PRODUCTEUR DE CANNABIS DE FRANCE ?
D'aucuns vont s'écrier "Ah non ! Voilà que Marchoucreuse 23 nous refait le coup du Poisson d'avril cette année !". Pourtant, tout ce que vous allez lire ci-dessous est rigoureusement authentique et a même été encouragé pendant longtemps par différents préfets de la Creuse (dans le plus strict respect des lois de la République française, bien évidemment)...
Dans pratiquement tous les jardins creusois, l'endroit le mieux ensoleillé est réservé à la culture du Cannabis Sativa... et ce jusqu'à la fin du 19ème siècle. Il fournit des graines qui permettent d'obtenir une huile (utilisée pour faire du savon ou comme combustible dans les lampes à huile). Mais l'intérêt principal de la culture du Cannabis Sativa est tout autre...
Ce cannabis (également nommé chanvre) intéresse avant tout les paysans creusois pour les fibres de sa tige, à partir desquelles ils fabriquent une toile robuste (utilisée pour la confection de draps, de sous-vêtements, de serviettes, de fils à coudre, de ficelles et de cordages. La Creuse exporte même la toile qui sert à coudre les voiles des bateaux !). Mais la culture du chanvre est exigeante...
Le terrain doit être plat et la terre (fortement enrichie avec du fumier et soigneusement égrenée) doit être retournée une 1ère fois en hiver et une 2nde au printemps. Les graines du Cannabis Sativa y sont alors semées, enterrées au rateau et protégées des pigeons (qui en raffolent) par un épouvantail. Des tiges de 2 métres de haut vont alors pousser et fleurir...
L'odeur des fleurs de chanvre est (paraît-il) aphrodisiaque (mais agit seulement sur quelques femmes). Les tiges se récoltent par arrachage, en septembre. Il faut ensuite les immerger dans l'eau (pendant 3 semaines), à la suite de quoi il faut les chauffer dans un four pendant des heures. Encore chaudes, elles sont broyées à l'aide d'une brège (à lames et contre-lames en bois)...
Cette opération doit être faite à la pleine-lune et les tiges qui ressortent de la brège deviennent des touffes de filasse. Cette filasse doit être peignée sur des tiges métalliques (plantées dans un billot de bois) puis être transformée en fils, à l'aide d'une quenouille et d'un fuseau. La minceur du fil obtenu détermine alors la finesse de la toile qui sera tissée.
Les fils sont ensuite mis sur des écheveaux, à l'aide d'un dévidoir, et ces écheveaux sont confiés à un tisserand ou à un cordier. L'industrie artisanale du Cannabis Sativa (le chanvre donc) a longtemps permis à la Creuse à produire et à exporter de grandes quantités de fibres textiles naturelles (ce que peu de creusois savent) bien supérieures aux autres fibres !
Sources : Société des Sciences Naturelles et Archéologiques de la Creuse.