Dun-le-Palleteau obtiendra-il son église et son curé ?
Juché sur une bosse, le castrum gaulois de Dun est traversé par une voie qui devient par la suite romaine. Bien plus tard encore, le lieu se transforme en place-forte, protégeant les paroisses de Saint-Sulpice-le-Dunois et de Bussière-Dunoise, ainsi que les villages de Dunet et Rieu. Puis il devient une puissante seigneurie, bien peuplée et commerçante, mais... n'est pas une paroisse !
Pour aller à la messe, les fidèles doivent se rendre à l'église de Sagnat (distante de 3 km). Les habitants de Dun se montrent incapables de désigner des délégués pour aller démarcher les autorités et faire de Dun une paroisse. Mais, en décembre 1677, le marquis de Saint-Germain-Beaupré (et seigneur de Dun-le-Palleteau) épouse Hélène Ferrand de Janvry...
La belle Hélène prend alors la tête d'un mouvement qui veut que Dun-le-Palleteau devienne paroisse. Elle s'assure d'abord de l'indispensable soutien de Gabriel-François Foucault, le curé de Sagnat, et adresse ensuite une requête à Georges d'Aubusson, prévôt de La Souterraine, lequel lui répond en mai 1678 qu'il accède à la demande des habitants de Dun-le-Palleteau.
Le temps passe et Dun n'a toujours ni curé ni église. La marquise de Saint-Germain-Beaupré commence alors à faire signer une pétition aux habitants de Dun. Puis elle rédige un courrier dans lequel elle explique que Sagnat et Dun sont séparés par une rivière ayant la fâcheuse habitude de déborder et, ainsi, d'empêcher les très nombreux habitants de Dun d'aller à la messe...
Elle expédie ensuite la pétition et son courrier à Louis de Lascaris d'Urfé, évèque de Limoges qui répond au curé de Sagnat qu'il consent à ce que les "villages" de Dun, Dunet, La Font-Martin et Tarsat devienne paroisse de Dun. Mais il informe également ce curé que ses revenus seront divisés par 2. Le curé de Sagnat fait part de la réponse de l'évêque au marquis...
Le marquis de Saint-Germain-Beaupré propose alors d'organiser une souscription pour trouver des fonds. Le total des promesses de dons des habitants de Dun se monte rapidement à 3201 livres. La marquise écrit donc de nouveau à l'évêque pour lui demander de choisir le curé de la future paroisse. L'évèque Louis de Lascaris d'Urfé lui répond qu'il s'en occupe.
C'est alors que Gabriel-François Foucault, le curé de Sagnat, fait part de son envie de devenir curé de Dun. Cependant, l'argent de la souscription n'est toujours qu'à l'état de promesses. En avril 1679, l'intendant du marquis propose alors de joindre les biens de l'hopital à la future cure, ce qui apporterait 50 livres par an et une maison pouvant devenir presbytère.
Avec le temps, l'envie des habitants de Dun d'avoir une église et un curé s'émousse, et ce d'autant plus qu'il est question qu'ils doivent donner 1000 livres de plus. Sur ce, la marquise rend l'âme en 1682 et François Le Gorez des Boeufs, nouveau prieur de Sagnat, s'oppose alors au démembrement de sa paroisse. En 1708, il fait part de son opposition à l'évêque de Limoges...
Antoine Charpin de Génétines, évêque de Limoges, donne malgré tout son accord le 28 décembre 1711. Puis... le temps continue de s'écouler. En 1745, la population de Dun-le-Palleteau dépasse désormais les 1000 âmes. Ce n'est cependant qu'en 1765 que se termine l'agrandissement de la chapelle de l'hopital... qui devient alors église. L'histoire semble donc terminée mais...
En juillet 1779, Merle de la Brugière, nouveau curé de Dun, demande à l'évêque de Limoges l'autorisation d'agrandir ou de déplacer le cimetière. Le mois suivant, le curé de La Souterraine est envoyé à Dun pour voir de quoi il retourne. Il constate qu'effectivement, le cimetière est saturé, coincé qu'il est entre l'église, les maisons environnantes et le foirail.
Il va falloir le déplacer ! Les 1200 habitants protestent, horrifiés par le coût que représenterait pareil déplacement (leur hostilité est telle que, malgré 50 enterrements par an, le cimetière de Dun est toujours à la même place en 1980). Là dessus, pour avoir été construit à l'économie, le clocher doit être réparé en urgence. Sur ce, la Révolution arrive et la Marche devient la Creuse...
En 1792, le Conseil municipal de Dun-le-Palleteau décide de faire entièrement refaire la toiture de l'église, de changer plusieurs de ses piliers d'appui et de faire mettre des vitres aux fenêtres. Puis, la guerre faisant rage, la jeune République française a besoin d'armes : 2 des 3 cloches partent à Guéret où elles sont fondues et transformées en canons, en 1793.