Des milliers d'anglais vandalisent Guéret !
Face à la progression des armées ennemies, Napoléon ordonne d'expédier tous les prisonniers britanniques à Guéret. Escortés par des gendarmes, ils arrivent en Creuse au bout de 8 jours. En cette année 1814, environ 3000 personnes habitent Guéret. Les logements vacants sont rares et plus de 2000 prisonniers doivent se contenter de granges ou d'étables pour dormir.
Lord Blaney, l'officier britannique qui commande l'ensemble des prisonniers, est autorisé à louer une maison en dehors de la ville et à acheter un cheval pour pouvoir visiter ses hommes détenus à Guéret (une ville qui est surnommée "la Sibérie française" depuis 100 ans). Les prisonniers, qui sont sans nouvelles de la guerre, se retrouvent dans les cafés où ils discutent et fument.
Courant avril, un bruit se répand : Paris aurait capitulé ! Un messager privé vient confirmer la nouvelle de la reddition française à lord Blaney... Le meilleur vin est alors débouché par les britanniques qui fêtent ainsi leur proche retour au pays. Le jour suivant, tous les prisonniers arborent une cocarde blanche pour narguer le préfet de Guéret qui reste fidèle à Napoléon.
Puis, les prisonniers britanniques parcourent la ville et détruisent tous les aigles impériaux qu'ils trouvent. Le lendemain, une partie d'entre eux se rend au théâtre. Les acteurs portent la cocarde blanche des monarchistes : les prisonniers britanniques les applaudissent et français et anglais échangent alors des "Vivent les anglais !" et des "Vivent les français !".
Un officier irlandais monte sur scène, entonne le "God save the King"... et tombe dans le trou du souffleur tandis que les prisonniers continuent de chanter. Quelques jours plus tard, lord Blaney obtient un prêt, au nom du gouvernement britannique. Il le distribue à ses hommes pour qu'ils s'achètent des souliers. A la place, les prisonniers dépensent l'argent en alcool...
A l'issue d'une gigantesque beuverie générale, les britanniques parcourent la ville et arrosent toutes les fenêtres à coups de cailloux, brisant ainsi la quasi totalité des carreaux. Puis les ex-prisonniers se mettent en ordre de marche et partent pour Bordeaux où ils doivent embarquer pour l'Angleterre... Un bon nombre d'entre eux va devoir faire le trajet pieds nus !