Le gangster Emile Buisson passe de paisibles vacances en Creuse
En 1987, aprés avoir joué ses spectacles pédagogiques dans un bon paquet d'écoles, la compagnie de théatre de René Bourdet est finalement agréée par l'Inspection Académique de la Creuse. Avec l'aide des enseignants, René Bourdet crée alors un "réseau" d'élèves qu'il charge de collecter anecdotes et autres légendes locales auprès des parents et des voisins.
De son côté, René Bourdet note soigneusement les histoires que les paysans veulent bien lui raconter et, les ajoutant à celles des élèves des collèges de Boussac et de Parsac, réalise avec eux un recueil collectif. Comme vous avez été bien sages et bien polis, nous allons vous racontez une de ces anecdotes. Elle se déroule sur la paisible commune de Toulx-Sainte-Croix...
Le personnage principal, qui se nomme Emile Buisson, commence tôt sa carrière de voleur et découvre la prison à 16 ans. Puis, en 1937, il entre dans une bande qui dérobe une somme colossale à un fourgon bancaire. Plus tard, Emile Buisson se fait arrêter. La prison dans laquelle il est enfermé est évacué en 1940... Il parvient à prendre la fuite et part pour Paris où il forme son propre gang.
Ses hommes et lui braquent des banques, sans jamais hésiter à tuer ! Mais, en 1943, Emile Buisson se fait bêtement arrêter par un feld-gendarme qui a deviné qu'il portait une arme : il est livré à la police du gouvernement de Vichy. Un commissaire lui propose alors de traquer les résistants. Buisson fait mine d'accepter et retrouve ainsi sa liberté. Mais il ne s'intéresse guère aux "terroristes"...
Ce qu'il préfère, c'est attaquer les banques ! A la libération, il se fait prendre pendant un braquage mais parvient à s'échapper. Il forme alors une nouvelle équipe, composée de malfrats et d'anciens miliciens. La bande, qui circule dans la voiture la plus rapide de l'époque, la Traction Avant Citroen, échappe sans arrêt à la police et devient rapidement le légendaire "gang des Tractions Avant".
Mais l'étau policier se resserre et Buisson juge plus prudent de se faire oublier. Chomette, son complice et chauffeur, est originaire de Toulx-Sainte-Croix. Il lui propose de se réfugier en Creuse (ah, nous y voilà tout de même !) et, à l'automne 1946, la superbe traction de Buisson et Chomette débarque donc au Pit, un village perché sur les hauteurs de Toulx-Sainte-Croix...
Emile Buisson se présente comme "un industriel fatigué qui vient prendre là un peu de repos". Il parle bien, porte des costumes du dimanche et, surtout, se montre généreux avec les habitants. Il va même, au fil du temps, jusqu'à se lier avec un adjudant de gendarmerie avec qui il va à la chasse ! Et, lors de la fête patronale, il offre une mémorable tournée générale de Champagne !
Arrive ensuite le fameux jour de la Saint-Cochon, au Pit : le maladroit paysan-boucher qui doit tuer le cochon le laisse s'échapper... Sans réfléchir, Emile Buisson dégaine prestement son pistolet et abat l'animal terrorisé d'une seule balle, placée pile dans l'oeil ! Dans les jours qui suivent, Buisson comprend que son exploit l'a rendu suspect auprès des paysans du village...
Il quitte donc le Pit et la Creuse et reprend ensuite les attaques de banques et les meurtres... Arrive alors l'instant fatidique où nous devons vous révèler que nous avons promis à René Bourdet de ne pas dévoiler la fin de cette histoire. "C'est injuste" vous exclamez-vous ! Soit. Alors, dans un grand élan de bonté, nous décidons donc de vous fournir le moyen de savoir...
"Monsieur Emile - Citoyen de Toulx-Sainte-Croix - 1946-1947" est un des petits livres de 50 pages (à 5€) que l'immortel René Bourdet a écrit. Vous pouvez vous le procurez en le commandant par courrier aux Editions Parfaitement Inutiles - Jardins Jeudis de La Spouge - 23230 LA CELLE-SOUS-GOUZON. Voilà, c'est tout pour aujourd'hui, petits chenapans !