Les loups de Chabrières prennent leur goûter à 16h : il vaut mieux s'en souvenir !
A 2 pas du coeur de Guéret, une mystérieuse petite route s'immisce dans la forêt de Chabrières. Elle se faufile entre les grands résineux et, après une vingtaine de virages, nous conduit à l'entrée du Parc aux loups de Chabrières. Un confortable sentier goudronné nous mène en quelques pas du parking jusqu'à un vaste fortin circulaire en bois qui est l'entrée du parc...
Nous grimpons sur le rempart et découvrons alors la meute des loups gris européens de l'enclos des roches. Cette meute, qui est la plus grande du Parc, occupe un territoire de 11.000 m2. Le 1er contact est décevant : les bestiaux paressent au soleil, indifférents aux appels des humains qui les confondent avec de vulgaires chiens-chiens (quand c'est flou, c'est qu'il y a un loup) !
Au moyen-âge, le clergé catholique diabolise l'hérétique, le juif, la femme et... le loup ! Ce dernier est associé au péché, à la mort, et à l'enfer. Sa prolifération est considérée par l'église comme le fruit maudit de la déchristianisation de ses ouailles et le loup est donc considéré comme une incarnation du diable que seuls les saints peuvent convertir au catholiscisme.
La visite du parc se fait par 2 sentiers (bitumés et silencieux). Le premier mène d'abord à l'enclos des chèvres de môssieur Seguin, puis à celui des 4 loups de Mackensie, originaires du grand nord canadien. Le second sentier conduit à l'enclos des cervidés, à celui des chevreuils et à celui des cochons sauvages. Nous découvrons ensuite l'enclos des Tours qui héberge 3 farouches renards.
En 1804, en Creuse, plusieurs personnes se font mordre par un loup enragé. Une battue est organisée le 2 avril, conjointement à la mise en place de fosses à loup et de pièges à machoires... sans parler des boulettes de viandes empoisonnées qui sont disséminées ici et là (selon la Société des Sciences de la Creuse, plus de 3000 loups ont été tués dans le département entre 1789 et 1900).
Le sentier du Parc continue en longeant les 19.000 m2 de l'immense enclos des sources. Couvert de forêt, il abrite une meute de 8 loups européens. Nous apercevons furtivement quelques silhouettes, là-bas, dans l'ombre dense des arbres. Nous réalisons soudain que le sentier passe entre 2 enclos où se trouvent des loups... Nous sommes donc (quasiment) encerclés !
Le 28 août 1817, le préfet de la Creuse ordonne qu'une chasse aux loups ait lieu dans la forêt de Chabrières et dans les bois de Sainte-Feyre. Les habitants des alentours sont réquisitionnés pour participer à la battue (ceux qui refusent doivent payer une amende). Le 3 août 1882, le gouvernement français multiplie par 5 le montant des primes pour tout loup tué...
L'état français a ainsi décidé d'exterminer les loups qui peuplent encore notre pays. Le résultat ne se fait pas attendre : entre 1883 et 1924, quelques 10.000 loups sont abattus. En l'espace de 41 ans, le loup disparait totalement de France.
(vers 1900, les creusois sont tellement nombreux que les loups sauvages ne trouvent plus aucun endroit, bois ou sous-bois, où ils pourraient se cacher)
Après l'enclos des sources et ses loups gris, nous découvrons 2 autres enclos plus modestes qui abritent, l'un des loups noirs, l'autre des loups blancs. Majestueux (même en captivité), les loups blancs de l'arctique possèdent un épais pelage blanc crème qui les protège des froids extrêmes. Dans le nord du Groenland, chaque meute possède un territoire d'environ 3000 km2.
Une légende affirme qu'un maquignon de Maisonnisses aurait, en 1891, vendu son âme au diable. Étant alors devenu loup-garou, il aurait par la suite négocié avec le malin et serait ainsi devenu meneur de loup (une promotion, en quelque sorte). Quelques jours auparavant, le docteur de Saint-Christophe avait arraché gratuitement une dent à notre meneur de loups...
En remerciement, le meneur de loups fait raccompagner le médecin par ses loups. Ces derniers ont pour mission d'assurer la protection du bon docteur, lequel doit traverser en pleine nuit les bois de Tigoulet et de Mombas (certainement trés trés mal fréquentés !). Maurice Rollinat, de son côté, se contentait de voir "luire comme un feu mal éteint" dans les yeux des loups.
En 1992, 2 loups sauvages sont repèrés dans le Parc Naturel du Mercantour (dans les Alpes du Sud). En 2015, il y aurait désormais 4 meutes dans le Mercantour et une autre dans le Queyras. Par ailleurs, quelques loups isolés ont été vus dans la Drome, dans le Var, en Isère et en Savoie (au total, il y aurait 250 loups, répartis entre les Alpes, les Pyrénées, les Vosges et le Massif Central).
En Creuse, le Parc aux loups de Chabrières, né en 2001 de la volonté sauvage de la Communauté de communes du Grand Guéret, a été dessiné par l'architecte-paysagiste Alain Freytet. Dans la boutique, vers 16h, il est possible de prendre un goûter mais... ce serait dommage : les jours de visites guidées, c'est justement l'heure où les loups prennent le leur !
Le Parc est ouvert tous les jours, de 13h30 à 18h. Les jeunes entre 4 et 17 ans et les plus de 60 ans ont droit à une réduction sur le prix de l'entrée (de même que les personnes à mobilité réduite, les étudiants, les demandeurs d'emploi et les loups-garous). C'est méga top, non ? En juillet et en août, il est même possible de réserver un billet pour visiter le Parc en nocturne (à partir de 21h).
Des balades contées, organisées par l'Office de Tourisme, nécessitent une réservation préalable au 05 55 52 14 29. N'oublions pas non plus que des visites guidées sont possibles tous les jours : tous les renseignements sont sur...