Nadaud Martin : ouvrier collectiviste, franc-maçon et élu du peuple
En 1815, son père et son grand-père sont maçons migrants et sont donc absents 9 mois sur 12. Aussi, dés qu'il sait marcher, Martin doit aider sa mère aux travaux des champs et aux tâches ménagères. A 7 ans, il reçoit un semblant d'éducation scolaire dispensé par un dénommé Jean Faucher, un laïc chargé de la tenue manuscrite des registres de la paroisse.
Martin commence ensuite le dur métier d'apprenti maçon à Paris. Il enchaîne des journées (mal payées) de plus de 12 heures et souffre comme tant d'autres de malnutrition. Il habite dans un taudis insalubre, en sous-sol... Il n'a pas encore 15 ans. Victime d'un accident de travail, il se casse les 2 bras et retourne en Creuse. Mais une révolution éclate à Paris...
De nombreux maçons creusois veulent y participer et montent sur Paris. Léonard Nadaud part avec son fils Martin et, en 4 jours, ils atteignent Orléans où ils montent à bord d'un inconfortable wagon du chemin de fer. Ils arrivent à la barrière de Montreuil. Un nombre impressionnant de barricades remplit les artères jusqu'à la place de la Bastille.
A 19 ans, le maçon Martin Nadaud décide d'adhèrer à la Société des Droits de l'Homme et participe à des réunions avec les socialistes révolutionnaires. Il est présent aux émeutes contre la monarchie et fait même sienne la doctrine collectiviste du communiste Etienne Cabet. Puis il va aux cours du soir des écoles mutualistes et y engrange un maximum de connaissances.
A son tour, il enseigne à ses compagnons (souvent illettrés) son jeune savoir, puis il rentre en Creuse. Il y épouse Jeanne-Julienne Aupetit avant de repartir pour Paris. Il reprend son métier de maçon et se remet à militer politiquement. Plus tard, candidat aux élections législatives, il est battu. Mais il se présente de nouveau et devient cette fois député de la Creuse.
Le député Nadaud abandonne alors la maçonnerie et se consacre aux questions d'urbanisme et à celles concernant la législation du travail. Mais, à la suite du coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte, il est arrêté et expulsé de France. Il reprend d'abord sa casquette de maçon, en Belgique, avant de devenir instituteur à Londres...
Martin Nadaud y retrouve d'autres exilés, tel Etienne Cabet, Louis Blanc, Pierre Leroux et Victor Hugo qui le convertissent à la franc-maçonnerie. Puis, la France entre en guerre contre la Prusse et les exilés sont autorisés à rentrer au pays. Léon Gambetta nomme alors Nadaud préfet de la Creuse. Ce dernier est ensuite élu au Conseil municipal de Paris.
Puis il devient député de Bourganeuf (et sera réélu à 3 reprises). Fidèle à la cause ouvrière, Martin Nadaud fait (entre autre) légiférer sur les accidents du travail, obtient l'interdiction de louer des logements insalubres, propose l'instauration de retraites ouvrières, veut un enseignement laïc pour tous les enfants et demande l'amnistie pour les communards de 1870.
Il fait ensuite construire une première ligne de chemin de fer entre Bourganeuf et Vieilleville mais est battu aux élections suivantes. Se sentant âgé, il décide de commencer à raconter ce qu'il a vécu. Il écrit Les Mémoires de Léonard (en hommage à son père) et décède en 1898, à 82 ans, à La Martinèche (son village natal).
A Soubrebost, venue essentiellement du département de la Creuse et composée à la fois de petites gens et de notables, une foule immense assiste à l'enterrement de Martin Nadaud. Le maçon collectiviste, devenu député franc-maçon, a toujours oeuvré pour que les ouvriers migrants creusois, face à la monarchie, s'engagent pour la République.
Martin Nadaud a également inculqué à ses élèves, encore et toujours, l'amour de cette même République. Citoyen du 19ème siècle, il pensait que seul un gouvernement républicain, et donc démocratique, pouvait permettre aux ouvriers d'acquérir les mêmes droits sociaux et politiques que les classes aisées...
Pour information, les services de la poste française ont prévu d'inclure un timbre à l'effigie de Martin Nadaud dans leurs parutions de l'année 2015. Un Musée Martin Nadaud est désormais ouvert au public à La Martinèche. Tous les renseignements sur ce musée et sa boutique sont sur le site suivant :