Un Creusois qui porte si bien son nom...
Notre homme naît en 1877 à Les Peyrudes, commune de Champagnat, à quelques kilomètres de Bellegarde-en-Marche. Devenu jeune homme, il devient maçon, puis entrepreneur en Creuse. Ce précurseur construit une maison et plusieurs ponts en béton armé (toujours visibles à Aubusson). Nous lui devons également un barrage sur la Tardes, vers Chambon-sur-Voueize.
En 1907, il se prend de passion pour l'aviation et, avec l'aide d'amis artisans, François Victor Denhaut (car tel est son nom) construit son premier avion, un planeur. Il dépense tout son temps libre à la réalisation de ce rêve et, lorsqu'il parvient à prendre l'air à son bord (dans les environs de Bellegarde-en-Marche), il réalise qu'il lui a également consacré toutes ses économies.
Deux ans plus tard, Frédéric Danton (riche tapissier d'Aubusson et mécène à ses heures) lui commande un avion à moteur. François Denhaut réalise alors un biplan étonnant de 8 mètres de long pour 9 d'envergure. Avec son moteur Gnôme de 50 CV., il pèse 300 kilos. Sa particularité réside avant tout dans sa carlingue : Denhaut affirme qu'elle flotte sur l'eau comme un bateau !
En attendant de le prouver, François Denhaut rejoint, en 1910, le club des très rares européens capables de faire voler un avion dans les airs. Son biplan, le Danton (car tel est son nom), peut emporter 2 personnes. Il est également capable d'atterrir et d'amerrir... en principe. Hélas, à la Fête de l'aviation de Bellegarde-en-Marche, notre pionnier rate son atterrissage et casse son avion.
Bon nombre de creusois le traite alors de fou et de casse-cou. Denhaut décide qu'il n'a plus rien à faire en Creuse et il part en région parisienne. Il est embauché comme chef-pilote par les Etablissements Levasseur. Il y reconstruit (et perfectionne) le Danton. Puis Donnet, un autre petit constructeur d'avions, l'engage comme directeur technique.
François Denhaut rêve toujours de construire un véritable hydravion. Il se met à la tâche et réalise un avion avec un fuselage très élaboré qui fait office de coque, mais l'équipe également d'un train d'atterrissage avec roues. Le 15 mars 1912, il fait un essai sur la Seine mais, arrivant sur l'eau dans une mauvaise position, il s'en faut de peu qu'il ne meurt de noyade.
L'avion n'a pas subit de gros dégâts mais Donnet, furieux, ne veut plus entendre parler de lui comme pilote. Cependant, l'inventeur creusois persiste et, fort de son échec, fabrique en 8 jours une nouvelle coque à fond incurvé. Un ami le convainc de remplacer le train d'atterrissage par des flotteurs. En avril 1912, Denhaut parvient ainsi à faire décoller son avion de la Seine et... a y amérrir sans problème.
François Denhaut fait alors breveter son invention et devient célèbre et riche. Par la suite, en 1915, il met au point des avions capables de voler à plus de 120 kilomètres/heure et la marine nationale le charge de fabriquer des hydravions de guerre. Il conçoit aussi un bombardier bimoteur, un hydravion avec un moteur de 300 CV, un gros porteur de reconnaissance et un engin amphibie.
A l'aube de ses vieux jours, il revient en Creuse et meurt en avril 1952 à Bellegarde-en-Marche. Si l'occasion vous est offerte de passer par ce bourg, vous aurez plus que du mal à trouver le Musée François Victor Denhaut car, à l'heure où nous écrivons, il n'existe pas.
Il vous faudra aller à Biscarosse (au Musée de l'Hydravion) ou à Paris (au Musée de l'Air du Bourget) pour trouver une trace de ce creusois Denhaut.