Pélerinage, foire ou... hypermarché ?
A l'époque gallo-romaine, personne n'habite là. Une voie romaine, construite 484 jours plus tôt (environ), passe à proximité de la fontaine du Pin. Son eau doit posséder quelques vertus magiques car, depuis longtemps, les voyageurs viennent de loin pour la boire. Et puis, voilà y pas que le christianisme déboule et que, pour récupérer le "business" du miraculeux, il y construit une chapelle qu'il dédie à Saint-Jean-Baptiste !
"Où sommes-nous ?" vous demandez vous fiévreusement... A la frontière du Berry, du Poitou et de la Marche. Plus précisément à Les Hérolles (commune de Coulonges, au croisement de ce qui deviendra la D123 et la D10). En 1484, les pèlerins sont de plus en plus nombreux à venir (le 24 de chaque mois) aux rassemblements du Pin Trémoulhois, seigneurie du château du Pin. Cela attire de nombreux marchands et 2 ou 3 bâtisses se sont même construites là.
Au fil des siècles, le spirituel cède peu à peu la place au temporel. En 1868, le rendez-vous devient officiellement mensuel. Une bonne grosse foire et un bon gros marché se tiennent désormais le 29 de chaque mois. Le succès aidant, Les Hérolles ne comptent pas moins de 22 hôtels en ce début de 20ème siècle. Un vrai Monopoly ! Mais attendez, ce n'est pas fini...
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Nous voici désormais parvenu au siècle des fonds de pensions et autres joyeusetés (le 21ème au compteur) : la Foire et LES Marchés des Hérolles s'étalent désormais sur 11 hectares. 400 exposants proposent chaque mois de l'utile, du farfelu et du superflu à quelques 2000 visiteurs, acheteurs ou touristes (plus un Marché à la volaille de Noël, le 18 décembre).
Nous, MARCHOUCREUSE 23, nous sommes dit "Bon, c'est à l'étranger mais... une visite s'impose !". Et nous y avons été en chantonnant, la,la,la ! Nous dédions d'ailleurs notre visite parmi ce grouillement de plusieurs centaines de petits producteurs, marchands de tout, de rien et même de chinoiseries, à... Valérie (du jardin de La Sagne).
Comme nous sommes à l'étranger, le parking est payant... A quelques mètres, se tient le marché volailler, bouillonnant de diversité. " -Vous me vendez pas des poulets qui crèvent tout de suite, hein ? -Ah ben non, pas à vous, pensez donc ma p'tite dame !"
Nous cherchons ensuite la Foire au bestiaux... Oh ! Des gaufres hollandaises faites par des hollandais ! Et là, un jeune homme fait des démonstrations de nettoyage avec un balai magique. Un marchand de faitout repère les appareils photos : "Vous êtes de France 3 ?" Nous lui répondons finement : "Non, de France 0 !" (son regard reste perplexe : il ne doit pas connaître cette chaîne).
Soudain, gargouillis de ventre : il fait faim. Ce ne sont pas les snacks ni les gargotes qui manquent, oh que non ! Nous commandons des andouilles aux oignons et des frites. Le grand beau et la douceur de l'air nous invitent à nous asseoir sur des chaises étrangement mouchetées. En face, les vendeurs de pinard s'expliquent à coups de gros mots.
Nous repartons gaillardement. Des chevaux et des poneys prient en attendant la fin du calvaire. Les moutons, dans leur camion, croient déja sentir l'odeur de la pâture. Soudain, re-gargouillis de ventre... le pélerin, lui, se demanderait si l'huile (de cuisson des andouilles) était mal sainte ? Nous, nous noyons ce mystère sous un salvateur café noir.
Un marchand de tee-shirts nous interdit de les prendre en photo (?). Des gamins s'amusent à passer à travers les pneus de tracteurs. Les exposants commencent à remettre le stock dans la camionnette. Les pyjamas couleur camouflage et les pièges à rats ne se sont pas vendus... Bon, et si on rentrait en Creuse ?