Les druides et druidesses de la Société des Sciences de la Creuse
La Ssnahc n'est ni une boutique qui vend des livres et des disques, ni une gargote où l'on ingurgite des saucisses-frites, OK ? C'est la
Société des Sciences Naturelles, Archéologiques et Historiques de la Creuse
Née en 1832, cette vieille dame édite chaque année les Mémoires des travaux de ses adhérents. Les recherches sont présentées au cours de réunions bimensuelles, par les auteurs eux-mêmes, directement aux 650 membres. Ces présentations étant ouvertes au public, nous (MARCHOUCREUSE) nous sommes permis de nous y inviter...
Nous pensions nous rendre à une réunion d'érudits à longues barbes (des professeurs Tournesol et autres druides Panoramix) mais, lorsque nous pénétrons dans l'amphi de la Bibliothèque Multimédia, à Guéret, nous découvrons un public où se mêlent jeunes et moins jeunes, femmes et hommes. Les différents intervenants et la grande diversité des sujets abordés par la suite détruiront définitivement le cliché poussiéreux que nous nous étions fait de la Société des Sciences de la Creuse.
Une très jeune archéologue, tout d'abord, nous fait le compte-rendu des travaux de fouilles effectués en 2010 sur le chantier de Pisseratte (à Guéret). Cet endroit a été, entre le 7ème et le 9ème siècle, un vaste centre artisanal de fabrication de céramiques, ustensiles de cuisine ou agricole, cruches ou jattes. Ensuite, un barbu sérieux nous parle d'un moule de hache, également trouvé à Guéret et datant de la même époque. D'importantes mines de cuivre ont fait de la Creuse, en ce temps là, un haut lieu de la fonderie des outils en bronze.
Histoire de changer de sujet, une savante dame nous dévoile qu'un registre de catholicité des habitants de Corse a été retrouvé à... Dun-le-Palestel. Ecrit en italien, il date de la période où la France a achetée cette île à l'Italie. La métropole, se méfiant des corses, y exerça une surveillance militaire jusqu'en 1792. Pourquoi ce "fichier" de catholiques corses se retrouve-il aujourd'hui en Creuse ? Nous le saurons (sans doute) prochainement !
Le sujet suivant nous est présenté par un timide jeune homme. Il poursuit fièvreusement ses recherches sur la dernière maison close de Guéret. Nous apprenons que, avant sa fermeture en 1946, elle était dirigée par Mme Henri (?). A l'époque, on parlait de "pensionnat de demoiselles". L'expression "maison close" vient du fait que les volets étaient fermés en permanence.
Le président de la Société des Sciences nous expose ensuite les résultats de l'enquète qu'il a mené sur le roman policier "A longue échéance" (éditions Fleuve Noir). Il a découvert que l'auteur, José Michel, se nomme en réalité Lucienne Michel. Ainsi, donc, José Michel était une femme ! Mais, de plus, elle était creusoise ! Ce n'est pas tout : son fils, André Capousis, sous le pseudonyme de Caroff, a écrit plus de 200 romans au Fleuve Noir (dont la série "Madame Atomos") quand, dans le même temps, sa mère en produit une douzaine.
Voilà. Plutôt amusant, non ? C'est la Société des Sciences que nous avons découvert ce jour là ! A propos : vous pouvez franchir le pas et en devenir membre. La cotisation annuelle est de 27 €. Elle permet de recevoir le fascicule (ou le CD-Rom) des publications de l'année, de participer aux sorties et d'être tenu au courant de toutes les activités... Mais allez sur leur site : tout y est expliqué !
Quelques creusois de renom sont aussi passé par là... Henri Auguste Delannoy (1833-1915) est un polytechnicien, passionné par les calculs de probabilité et les carrés magiques (sorte d'ancètres du Sudoku) qui existent depuis 2600 ans en Chine. En 1896, devenu président de la Société des Sciences, il se consacre à fond à l'histoire de la Creuse. Citons aussi, pour finir, Louis Lacrocq (1868-1940) qui publia une quantité phénoménale d'articles dans les Mémoires de la Société des Sciences de la Creuse dont, notamment, une description très bien documentée de la vie à travers les siècles dans la commune de La Celle Dunoise.