A Chéniers, simple manifestation ou émeute violente ?
C'est le 29 juillet que tout a commencé : les historiens présents sur les lieux sont formels ! En attendant, lorsque nous arrivons, tout est encore calme. Sur le parking du moulin de Piot, les véhicules des participants à la première Université Libre de la Creuse (à Chéniers) sont sagement alignés. Une voiture de Gendarmerie stationne aussi parmi les berlines... Un représentant de la maréchaussée a été cordialement invité à l'inauguration et au pot d'accueil.
Nous gravissons discrètement les marches menant à la salle où une trentaine d'élèves de 20 à 80 ans écoutent déjà les savants orateurs (J.M. Dauriac et E. Bonhomme). Ces derniers vont longuement expliquer les différences dialectiques qui séparent les mots révolte, manifestation, peuple, lutte, révolution, etc...
"C'est intéressant !" "Oui, mais long !" "Oui, mais intéressant !"
"Oui, mais long !"...
Les phrases du jour : "Aujourd'hui, les révolutions sont devenues impossibles" (mais) "Nous ne savons pas jusqu'où peuvent aller les révoltes aujourd'hui". Une question dans la salle ?
Bref, le temps passe, et nous voilà rendu à l'heure du repas. Ensuite, projection du film de Colline Serreau "Solutions locales pour un désordre global" qui sera suivi d'échanges sanglants (car c'est là, comme chacun le sait, que le débat blesse) ! Pour l'heure, en contrebas, à côté du moulin, un groupe de musiciens rebelles chante et joue devant la terrasse et les clients du restaurant "Chez Tonton". L'endroit respire la fraîche guinguette, version 21 ème siècle.
Le lendemain, nous séchons les ateliers de "révoltes ouvrières, paysannes, urbaines et féminines", afin de garder toutes nos forces pour l'atelier de "révolte contre la chimie au jardin". Nous y apprenons que les produits chimiques sont présents dans tout ce que nous achetons, que ces produits y sont pour beaucoup dans les cancers, le diabète, la maladie de Parkinson, et que ce n'est vraiment pas la peine d'en rajouter (même pas un misérable gramme) dans son propre potager !
L'animateur (vice-président de l'association qui produit des légumes sans produits chimiques au JARDIN SOLIDAIRE de Chéniers) poursuit sa conférence en nous expliquant comment s'en passer. Il donne des dizaines d'astuces très simples, tel le paillage, les associations de plantes, la fabrication d'un bon compost, etc... Toutes ont déjà fait leurs preuves chez les jardiniers qui veulent manger (et faire manger) des légumes sains !
Dimanche, nous séchons les ateliers de "révoltes d'Amérique et du monde arabe" (oui, nous avons un peu honte, c'est vrai) afin de garder toutes nos forces pour la table-ronde-débat-public de "révolte des territoires en France", avec élus et représentants de l'état. Le clou de cette université populaire !
Les organisateurs remercient les courageux 3 élus locaux qui sont venus et déplorent qu'aucun représentant de l'état ne soit là pour expliquer une réforme qui prévoit pourtant de chambouler une grande partie des avancées de 1789*. C'est dommage que monsieur le ministre François Baroin n'ait pas pu avancer ses vacances en Creuse (?) de quelques jours ! Il serait venu, évidemment.
* C'est le début d'un truc qui s'appelle Révolution Française.
Le film de Fernando Solana "La dignité du peuple" nous a mené à la nuit tombante. L'heure était donc venu de descendre "Chez Tonton" pour partager le repas de clôture de ces trois jours. Découvertes mutuelles... Deux de nos voisins de tables cultivent leur petit potager en plein coeur de Bordeaux... Deux autres habitent dans un village vertical (un immeuble) à Saint-Denis (93) et envisagent d'aller s'installer dans le Périgord... Tout le monde est resté calme. Et, à l'heure du café, personne n'a cassé son gobelet en plastique !